D-Day : 70 ans après, on retrouve toujours des corps

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avec Laure Dautriche, envoyée spéciale en Normandie et AFP , modifié à
SECRETS DE GUERRE - Dans les zones où les combats ont fait rage, la probabilité de retrouver des corps est évidemment très forte.

Soixante-dix ans après la bataille de Normandie, on retrouve encore, et on identifie parfois, des corps de soldats allemands, américains ou d'autres nationalités. En début d’année, c’est celui d’un soldat canadien qui a été retrouvé dans un cimetière allemand.

Cette bataille a fait quelque 200.000 soldats morts et disparus. Des dizaines de milliers reposent dans les 26 cimetières militaires, américains, britanniques, allemands, canadiens, polonais. Mais combien, souvent ensevelis anonymement dans des trous d'obus, voire avec des animaux, se trouvent encore dans la terre du bocage normand ?

Son neveu découvre son nom par hasard. "C'est extraordinaire ce qui s'est passé pour ce soldat canadien", estime Lucien Tisserand, spécialiste des exhumations de la Volksbund, association qui gère les cimetières allemands, notamment en Normandie.

Lawrence S. Gordon, engagé dans l'armée américaine, né en 1916 et tué le 13 août 1944, avait été confondu avec un soldat du Reich car son corps avait été enveloppé dans une vareuse allemande. Dépourvu de plaque d'identité, son cadavre avait été inhumé dans le cimetière allemand de Huisnes-sur-Mer. Son neveu, qui porte le même nom, avait découvert le nom de son oncle en 2000 sur le mur des disparus du cimetière américain de Saint-James  dans la Manche.

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"Je veux ramener mon oncle à la maison". Après de longues recherches, un cadavre pouvant être celui de ce Canadien, avait subi des analyses ADN. Les tests sur les ossements, très dégradés, n'avaient pas été probants mais l'analyse d'une dent a permis son identification. L'authentification officielle du corps avait été annoncée le 25 février dernier.

"Je veux ramener mon oncle à la maison et l'enterrer dans son village le 13 août, qui sera le 70e anniversaire de sa mort", avait déclaré le neveu du militaire en février. Le soldat est originaire du village de Eastend, dans la province de Saskatchewan, dans le centre du Canada, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière américaine.

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© PhotosNormandie/CC-BY-SA 2.0

Des secrets longtemps gardés.  Comme pour le soldat Gordon, les découvertes de restes humains se poursuivent 70 ans après les combats, pour des militaires de diverses nationalités. "L'an dernier il y en a eu une dizaine", selon Lucien Tisserand. Dans les zones où les combats ont fait rage, la probabilité de retrouver des corps est évidemment très forte.

Ainsi en 2008, à Burcy, dans le Calvados, non loin de Vire, les ossements de trois soldats allemands avaient été mis au jour en même temps. Un agriculteur qui labourait son champ avait permis cette découverte. Dans d'autres cas, il s'agit d'exhumations isolées. Ces découvertes sont souvent rendues possibles par des personnes, parfois âgées, qui se mettent enfin à donner des informations. Le rythme semble s'accélérer.

Parler, "c'était mal vu dans le village". "Certaines personnes ne veulent pas partir avant d'avoir livré leurs secrets", explique l’expert des exhumations. Mais pourquoi parlent-ils seulement maintenant? "Parce que, souvent, c'était mal vu dans le village", indique le conservateur. Des renseignements précis sont nécessaires. Les recherches se font généralement en présence d'édiles municipaux, de spécialistes et d'historiens locaux.

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Les Etats-Unis actifs dans les recherches. Les Américains sont très actifs dans leurs recherches. "En 2012 et 2013, nous avons visité plus de 20 sites où des soldats américains, selon nos recherches, ont été perdus durant la Seconde guerre mondiale. Et 12 sites ont été sélectionnés pour de possibles futures exhumations", a indiqué Melinda F. Morgan, officier d'information au ministère de la Défense à Washington, contactée par courriel.

Un travail loin d’être terminé. Mais les identifications ne sont pas toujours au rendez-vous. En particulier pour les soldats allemands. Si les trois cadavres retrouvés près de Vire en 2008 portaient une plaque d'identité, beaucoup d'autres en sont dépourvus. "Cela complique tout pour les familles allemandes", constate Lucien Tisserand.

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