Comment Snowden vit-il à l’aéroport Cheremetievo ?

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Charles Carrasco avec Ariane Lavrilleux, Géraldine Ruiz et Walid Berrissoul , modifié à
ZOOM - L'informaticien américain est coincé dans la zone de transit de l’aéroport Cheremetievo de Moscou, mais personne ne l’a vu.

L’INFO. Tout le monde a encore en tête l’histoire extraordinaire de cet Iranien, Mehran Karimi Nasseri qui est resté pendant dix-huit ans dans la salle de la zone de transit à Paris. Tom Hanks avait incarné cette personne dans le film Le Terminal. Depuis que les Etats-Unis ont révoqué son passeport, c’est un peu ce qui arrive à Edward Snowden, accusé d’avoir révélé des programmes d’espionnage américain. Depuis le 23 juin, cet ex-technicien du renseignement est coincé dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo à Moscou. Mais où est-il précisément ? Europe1.fr fait le point.

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Personne ne l’a vu. Edward Snowden, selon toute vraisemblance, n'a pas bougé de l'immense zone de transit de l'aéroport de Cheremetievo. Mais l’ex technicien de la NSA est très discret car des dizaines de milliers de passagers s'y croisent chaque jour et, pour l’instant, personne ne l'a vu. Les employés de la douzaine de restaurants, interrogés par la nuée de journalistes sur place, n’ont rien remarqué.

La vaste zone unit trois terminaux, explique le Huffington Post: les modernes D et E, et le F, plus âgé, qui date de l'ère soviétique. Si l’envie lui prend de prendre un peu de bon temps, il existe sur place un café qui fait de bons gâteaux au fromage, des crêpes et de bons mokas, rapporte le magazine d’affaires américain, Fast Company qui a consacré un article de fiction à la possible vie de Snowden dans ce terminal. L’aéroport dispose également des grands classiques : Burger King et Starbucks, un Irish pub ouvert 24 heures sur 24, mais aussi des boutiques Duty free ainsi que des magasins de souvenirs qui vendent des matriochkas russes…

Dans un hôtel ? L’hypothèse la plus probable est que l'informaticien le plus recherché au monde s’est retranché dans un des deux hôtels de cette zone. Dans le terminal E, le V Express Hotel est accessible par un simple ascenseur à l'intérieur de l’aéroport de Moscou, comme le rapporte le New York magazine."Il offre des lits en forme de bateaux de croisière avec serviettes propres et douche autonome", précise l’établissement. Mais les salariés du V Express Hotel restent silencieux.

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Il existe aussi le Novotel où un étage est réservé pour les personnes sans visa russe. Cet établissement est connu pour être beaucoup plus sécurisé. Selon ABC News, les clients sont "emmenés loin de la zone de transit" à l’arrivée de leur vol grâce à un van et peuvent quitter l’aéroport par une porte spéciale. Pour se nourrir, il existe un service en chambres mais il est onéreux. Il n’a pas de connexion Wifi et de télévisions internationales.

"C’est une zone fermée pour les passagers qui n’ont pas de visa pour la Russie. Tout est verrouillé et une fois dedans, vous ne pouvez pas entrer et sortir. Il y a des gardes de sécurité. Si une personne a besoin de cette chambre, elle va juste la demander aux bureaux des douanes de l’aéroport et il y a un bus spécial qui vous amène jusqu’à l’hôtel. C’est le seul hôtel qui offre ce service", affirme un responsable de l’hôtel moscovite joint par Europe 1.

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"Ils ne vous laissent pas fumer une cigarette". Un membre du personnel naviguant d’une compagnie aérienne, qui souhaite rester anonyme, se souvient de l’histoire d’un passager qui avait raté son avion. Il est aussi passé par cette zone de transit, comme il y a en a dans tous les aéroports internationaux. "Il m’a raconté avoir été sous escorte d’agents de sécurité. Il y a un étage spécial dans le Novotel qui est à 200 mètres de la zone de transit. Des agents de sécurité ne vous laissent même pas aller fumer une cigarette en dehors de votre chambre, tout juste dans le couloir...", a-t-il raconté à Europe 1.

Quelle issue ? Pour l'instant, Ed Snowden a envoyé 21 demandes d'asile pour pouvoir sortir de l'aéroport. La plupart des pays ont déjà refusé parce que du point de vue du droit, et la convention de Genève, il ne peut pas en bénéficier.  Il n'a pas été persécuté pour des raisons politiques, religieuses, ou de couleur de peau. En revanche, la Russie peut très bien lui accorder un droit de séjour.  Mais Vladimir Poutine a déjà émis une condition : il doit cesser ses révélations.