Brésil : la confirmation Roussef, la surprise Neves

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avec AFP , modifié à
PREMIER TOUR - Avec 41% des suffrages dès le premier tour, la présidente sortante Dilma Roussef est en position de force pour affronter le candidat centriste Aecio Neves (33%), qui a devancé l'ex-favorite Marina Silva.

Le lièvre et la tortue. Dans le marathon politique d'une campagne présidentielle, Dilma Roussef garde le rythme, Aecio Neves accélère et Marina Silva s'est effondrée. Voilà le bilan qu'on peut tirer des résultats du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne, parus dans la nuit de dimanche à lundi. Alors que la candidate du parti socialiste, Marina Silva, était présentée dans les sondages, il y a un mois encore, comme la plus sérieuse rivale de la présidente sortante et candidate travailliste Dilma Roussef, c'est bien le candidat centriste Aecio Neves, plus proche des milieux d'affaires, qui a tiré son épingle du jeu au soir du résultat.

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Les scores. Avec 33% contre seulement 21% à sa rivale, Aecio Neves a complètement inversé la tendance, au point de s'offrir un duel avec Dilma Roussef, consacrée grande favorite à sa propre succession après son très bon score de dimanche (41% des suffrages).

Le scénario attendu s'est finalement produit. Au terme d'une campagne aux multiples rebondissements, le Brésil se retrouve avec ce qui était attendu il y a un an : un face-à-face entre les deux partis rivaux qui ont gouverné le pays ces 20 dernières années. Dilma Rousseff est créditée d'une légère avance sur son rival au second tour. Elle profite de la bonne image du Parti des travailleurs, qui a su réduire la pauvreté et créer des emplois depuis 12 ans qu'il est au pouvoir, tandis qu'une grande partie de l'opinion publique a le sentiment que le PSDB brésilien, qui était au pouvoir entre 1995 et 2002, est plutôt au service des classes aisées.

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"L'élite contre le peuple." Dans un discours prononcé dimanche soir, Dilma Rousseff a attaqué d'emblée de PSDB, qualifié de "parti de la récession, de la baisse des dépenses et du chômage". "Le peuple brésilien ne veut pas des fantômes du passé", a lancé la présidente sortante. Selon un de ses conseillers, Dilma Rousseff jouera sur l'opposition "l'élite contre le peuple" pour la campagne du second tour.

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Le report de voix, clé du second tour. Aecio Neves, de son côté, a immédiatement entrepris de courtiser les électeurs de Marina Silva. Lors d'un discours, il a souligné que le rapprochement des voix obtenues par le PSB et le PSDB mènerait à la victoire. Il a évoqué le souvenir du premier candidat du PSB, Eduardo Campos, mort dans un accident d'avion le 13 août dernier et remplacé peu après par Marina Silva qui, début septembre, était en tête dans les sondages. Malgré la victoire, l'inquiétude demeure chez les partisans de Dilma Roussef. Au siège de campagne, l'ambiance n'était pas à l'euphorie au moment où étaient dévoilés les résultats. "Le second tour va être beaucoup plus dur pour nous", disait un conseiller. "Le résultat est plus serré que nous ne l'attendions."

En effet, près de 60% des électeurs ayant voté pour Marina Silva ont annoncé dans les sondages leur intention de se reporter sur Aecio Neves au second tour. Assez sûrement pour rééquilibrer le rapport de force dimanche, mais pour le faire basculer ?