A Jérusalem, les habitants refusent de "se protéger pour prier"

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Sebastien Krebs avec
REPORTAGE - Peu après l'attaque meurtrière de la synagogue à Jérusalem, le gouvernement israélien a décidé de faciliter le port d'armes. Une mesure qui ne convainc pas les habitants. 

Le bilan s'est alourdi, au lendemain de l'attaque de la synagogue dans quartier orthodoxe de Har Nof, à Jérusalem. Mardi, deux Palestiniens ont fait irruption dans le lieu de culte, tuant cinq personnes. Armés de couteaux et de haches, selon les premiers éléments de l'enquête, les assaillants ont été abattus.

Quelques heures après l'attaque, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti qu'il répondrait avec "une main de fer". Le ministre de la Sécurité intérieure a décidé de faciliter le port d'armes pour permettre aux militaires de réserve, aux gardiens d’école ou de jardins d’enfants de garder leurs armes sur eux. Et ce, y compris en dehors de leur service.

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Cette annonce n'a pas vraiment convaincu les riverains du quartier de la synagogue visée, dans l'ouest de la ville. Cette famille, qui vit ici depuis 27 ans, n'a pas prévu de changer ses habitudes, et ne voudrait surtout pas voir de gardes devant les synagogues. "C'est très grave qu'on en soit arrivé là", explique cette mère de dix enfants. "Si on a des gardiens, on montre que nous avons peur, alors que nous n'avons pas peur", poursuit-elle. "Ce serait abominable de se protéger pour aller prier", renchérit son mari.

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Même sentiment pour le rabbin d'une communauté française voisine. Joseph Simoni refuse de donner l'image de fidèles barricadés : "je ne me vois pas vivre de cette manière là. Vous vous imaginez vous, en France, parce qu'il y a une menace, vivre avec des pistolets et mettre des gardes partout ? Ce n'est pas une solution", estime le rabbin, qui appelle les pouvoirs publics à ne pas contourner le problème, "mais à s'asseoir autour d'une table pour le comprendre".

Une perspective de dialogue qui semble pourtant s'éloigner. Le gouvernement israélien a déjà initié la riposte : la police a bouclé le quartier des assaillants, arrêté leurs familles, et va détruire leurs maisons. 

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