60% d'animaux sauvages en moins depuis 40 ans : une extinction "100 à 1.000 fois" plus rapide que "celle des dinosaures"

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Romain David , modifié à
Pour Arnaud Gauffrier, responsable agriculture et alimentation chez WWF-France, interrogé mardi au micro d'Europe 1, l'activité humaine des 40 dernières années, et notamment l'agriculture, est à l'origine d'une accélération alarmante du rythme de disparition des espèces sauvages.
INTERVIEW

La faune mondiale s'éteint petit à petit. Depuis les années 1970, 60 % des animaux sauvages qui peuplent la planète ont disparu, déplore la WWF dans un rapport publié mardi.

"Un rythme de disparition d'espèces très alarmant". Cette enquête, baptisée Planète vivante, pointe surtout l'accroissement de ce phénomène ces dernières années. Ainsi, pour certaines espèces, comme les éléphants, plusieurs individus disparaissent toutes les heures. Entre 2009 et 2014, la population d'éléphants dans l'est de la Tanzanie a notamment chuté de 66%. "On a un rythme de disparition d'espèces très alarmant, qui est de 100 à 1.000 fois supérieur aux extinctions qu'on a pu connaître au cours des temps géologiques, comme celle des dinosaures", relève au micro de Pierre de Vilno, sur Europe 1, Arnaud Gauffrier, responsable agriculture et alimentation chez WWF-France.

De moins en moins d'animaux sauvages : "un rythme de disparition 100 à 1.000 fois supérieur" que lors des précédentes extinctions

L'agriculture, une menace croissante pour les habitats naturels. Si ce spécialiste identifie le braconnage comme l'une des causes de la disparition de certaines espèces rares, il pointe aussi les conséquences de l'activité humaine, qui engendre une "destruction des écosystèmes et des territoires qui les abritent, donc la destruction des habitats", explique-t-il. "La cause principale de déforestation au niveau mondial, c'est l'agriculture."

Changer nos modes de vie. Un bouleversement de nos pratiques de consommation permettrait toutefois de ralentir ce triste processus. "Consommer moins de produits issus des animaux - la viande, le lait, les œufs -, c'est un moyen de lutter contre la production du soja qui détruit une grand partie de la forêt amazonienne et de la savane brésilienne", relève-t-il. "On ne demande pas aux Français de devenir végétariens du jour au lendemain, mais de consommer des produits issus de l'agriculture biologique, qui permettent de diminuer la pression sur les écosystèmes en terme d'utilisation de pesticides et d'engrais", poursuit Arnaud Gauffrier.

Une volonté politique. Pour lui, il convient aussi d'envisager d'autres modes de déplacement, qui permettraient de limiter l'utilisation de la voiture, et donc les émissions de particules. "Encore faut-il que, derrière, on ait des politiques qui puissent encourager ces modes de déplacement".