Presque dix ans après son vol, Athènes retrouve un Picasso offert par le maître

Tableau Picasso Grèce
La Grèce a annoncé mardi avoir récupéré un tableau cubiste de Pablo Picasso. © Handout / GREEK POLICE / AFP
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avec AFP
Un maçon grec de 49 ans a avoué avoir volé en 2012 ce tableau de Pablo Picasso, intitulé une "Tête de femme" de 56 sur 40 cm et datant de 1939. "Aujourd'hui est un jour spécial, de grande joie et d'émotion", se sont réjouies les autorités grecques, pour qui cette oeuvre revêt "une importance et une valeur sentimentale particulières".

La Grèce a annoncé mardi avoir récupéré un tableau cubiste de Pablo Picasso, offert personnellement par le maître espagnol au peuple grec et dérobé près de dix ans auparavant avec deux autres oeuvres lors d'un vol audacieux à la Pinacothèque nationale d'Athènes. Le tableau de Pablo Picasso, une Tête de femme de 56 sur 40 cm datant de 1939, a été retrouvé dans la région rurale de Keratea, à environ 45 km au Sud-Est d'Athènes, ont annoncé les autorités lors d'une conférence de presse.

Selon la police, un maçon âgé de 49 ans a été arrêté et a avoué être l'auteur des vols remontant à 2012. Il a dit avoir dissimulé les oeuvres chez lui avant de les cacher récemment dans l'épaisse végétation d'une vallée locale. "Aujourd'hui est un jour spécial, de grande joie et d'émotion", s'est réjouie devant les journalistes la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni.

"Impossible" à revendre ?

Selon elle, la toile aurait été "impossible" à revendre en raison de l'inscription manuscrite de l'artiste mentionnant au revers : "Pour le peuple grec hommage de Picasso". L'artiste avait offert cette oeuvre en 1949 à la Grèce pour saluer la résistance anti-nazie du pays durant l'occupation de 1941-44.

"Ce tableau revêt une importance et une valeur sentimentale particulières pour le peuple grec, parce qu'il a été personnellement dédié par le grand peintre au peuple grec pour son combat contre les forces fascistes et nazies", a déclaré la ministre. Un autre tableau dérobé en même temps, un Moulin de Piet Mondrian datant de 1905, a également été retrouvé.

Alarmes défectueuses

Dans la nuit du 8 au 9 janvier 2012, les deux oeuvres ainsi qu'un dessin sur papier de l'artiste italien Guglielmo Caccia dit Il Moncalvo (1568-1625), représentant l'extase d'un saint, avaient été retirés de leurs cadres et dérobés en exploitant la surveillance insuffisante du bâtiment, en plein centre d'Athènes.

Selon des sources policières citées par l'agence grecque ANA, le suspect a expliqué avoir observé la manière dont la sécurité était assurée à la Pinacothèque d'Athènes, qui abrite la principale collection nationale de peintures.

Un cambriolage de sept minutes

Le cambriolage avait duré environ sept minutes à peine. Il avait été attribué au départ à deux hommes mais la police a indiqué que le maçon n'avait vraisemblablement aucun complice. Selon des médias grecs, la police l'a convoqué pour un interrogatoire et il a avoué en montrant l'endroit où il avait caché les oeuvres. L'homme aurait assuré être un amateur d'art et n'avoir aucune intention de les vendre. Le dessin italien, endommagé pendant le vol, a été jeté, selon la télévision publique grecque.

Un rapport établi par les autorités avait déterminé que le système de sécurité du musée, installé en 1992, n'avait bénéficié d'aucune amélioration depuis 2000. Le ministre de l'Intérieur de l'époque avait évoqué des protections "inexistantes". Plusieurs zones du musée étaient hors de portée des caméras de sécurité et les piles des alarmes, absentes ou usées, entraînaient régulièrement le déclenchement intempestif des sonneries, selon le rapport.