EXCLU EUROPE 1 - Rénovation énergétique : le gouvernement sacrifie-t-il l’écologie sur l’hôtel des économies et de la promesse de simplification ?

© Frederic Scheiber / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Christophe Bordet
À moins d’une semaine de la rencontre prévue entre le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et les responsables de la Capeb (confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) et de la FFB, (Fédération Française du Bâtiment), l’exécutif avance plusieurs pistes pour tenter de relancer la rénovation énergétique chez les particuliers.

Après avoir raboté Ma Prime Rénov d’un milliard d’euros sur l’hôtel des économies budgétaires, le gouvernement réfléchit à plusieurs mesures pour tenter de redynamiser un mécanisme qui connait un sérieux ralentissement notamment, depuis le début de l’année. Raison principale de ce coup de frein, l’obligation depuis le 1er janvier pour les particuliers de réaliser non pas un seul poste de travaux mais plusieurs en même temps pour bénéficier de la fameuse aide financière de l’état. Trop complexe, trop couteuse, les Français se détournent semble-t-il de plus en plus de cette formule.

L’exécutif s’apprête donc à effectuer un salto arrière avec le retour au mono geste. Dixit une source gouvernementale, si le reste à charge d’un bouquet de travaux (changement de chauffage+isolation) est aujourd’hui trop élevé pour beaucoup de Français autant revenir à la règle antérieure qui permettait de bénéficier de Ma Prime Rénov’ pour un seul geste, comme un changement de fenêtres, par exemple.

Le label RGE a-t-il vécu ?

Alors que le nombre d’artisans estampillés (Reconnu garant de l’environnement) ne cesse de diminuer, moins de 60.000 aujourd’hui, le gouvernement fait son mea culpa et reconnait que l’accès au label est une usine à gaz pour beaucoup de professionnels du bâtiment. Conséquence, nombre d’entre eux abandonnent l’idée même d’en bénéficier, ce qui a pour conséquence de les éloigner des chantiers subventionnés par l’état.

Pour mettre fin à cette situation, trois scénarios sont envisagés en haut lieu, une simplification, un assouplissement, voire une suppression pure et simple du label. À l’avenir, ce sont ainsi toutes les entreprises du bâtiment qui pourraient accéder à ces travaux financés par la puissance publique et non plus les seules labellisées, trop peu nombreuses. L’état se contenterait de constater les rénovations réalisées et validerait les acquis d’expériences des artisans concernés.

Quel avenir pour les accompagnateurs Rénov’ ?

Deux options sont à l’étude au ministère de l’Écologie et de la cohésion des territoires. Soit le report pur et simple de l’obligation de faire appel à un accompagnateur Rénov’ pour l’ensemble des constructions au 1er juillet prochain. À cette date, ces experts certifiés sont censés aider les particuliers à préparer leur dossier afin d’obtenir les financements publics. Problème, ils sont trop peu nombreux, 2.500 selon l’Anah au lieu des 5.000 prévus. Soit, ils pourraient se consacrer uniquement aux gros chantiers qui nécessitent des sommes publiques supérieures à 10.000 ou 20.000 euros.

Avantage, cela permettrait de débloquer de nombreux travaux en suspens, car n’ayant pas d’accompagnateurs. Un comble pour les artisans obligé d’attendre des semaines pour que leurs devis soient validés et mis en oeuvre. Un manque à gagner qui fragilise un peu plus encore des TPE déjà en difficulté.