Un Britannique risque la prison pour avoir aidé une réfugiée de 4 ans

Rob Lawrie et la petite afghanne, Bahar.
Rob Lawrie et la petite afghane, Bahar. © Capture France 2
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Julien Pearce avec CB , modifié à
Un humanitaire britannique, venant régulièrement en aide aux migrants de Calais a accepté de passer une fillette afghane, à la demande de son père, avant d’être arrêté par les douaniers.

L’histoire émeut toute l'Angleterre. Un humanitaire britannique, venant régulièrement en aide aux migrants de Calais, risque cinq ans de prison. La justice lui reproche d'avoir tenté de passer la frontière avec une petite fille afghane. A la demande du père de l’enfant, âgée de 4 ans, il l'avait cachée dans sa fourgonnette, avant d’être arrêté à la frontière par les douaniers. Un acte puni par la loi, mais qui intervient dans un contexte bien particulier.

Un homme marqué par l’image du petit Aylan. Rob Lawrie n'est pas un passeur comme les autres. Si cet humanitaire s'est rendu plusieurs fois à Calais ces derniers mois, c'est parce qu'il a été bouleversé par une image, celle du corps du petit Aylan, échoué sur une plage turque. Cet ancien soldat a donc décidé de construire des abris pour les migrants. A chaque fois qu'il se rendait dans la jungle, une fillette de 4 ans, nommée Bahar, venait à sa rencontre.

"La petite s'était endormie sur mes genoux". L'humanitaire a passé plusieurs soirées autour d'un feu avec la famille de cette petite Afghane aux cheveux hirsutes. Mais, il y a deux semaines, tout bascule. "Son père, qui a de la famille juste à côté de là ou je vis, en Angleterre, m'avait demandé plusieurs fois de l'emmener avec moi. J'avais toujours répondu : ‘non, c'est illégal’", rapporte-t-il au micro d’Europe 1.

Mais un petit rien va le faire changer d’avis. "Ce soir-là, dans la jungle, la petite s'était endormie sur mes genoux. A ce moment-là, je me suis dit : comment peux-tu la laisser ici au milieu de tous ces détritus ? Donc j'ai passé la frontière française avec elle", reconnait-il.

"Je sais que c'est illégal". Sauf que la frontière est particulièrement verrouillée à Calais. Et les forces de l’ordre nombreuses. "Un chien renifleur a commencé à aboyer. Les douaniers m'ont demandé ce que je transportais. Et là j'ai répondu : ‘une petite fille’. Je sais que c'est illégal et que je dois être jugé. Mais, si ce que j'ai fait est répréhensible au regard de la loi, ce ne l'est pas d'un point de vue moral", estime Rob Lawrie. En réalité, les chiens renifleurs avaient détecté la présence de deux Erythréens, qui s’étaient cachés à l’arrière de la camionnette de Rob Lawrie, sans que ce dernier s’en aperçoive. L’enfant, elle, se trouvait à l’avant, en hauteur.

L’enfant de retour avec son père, dans la "jungle". Une pétition de soutien à Rob Lawrie, lancée en Angleterre, a déjà recueilli 44.000 signatures en seulement quelques jours. Elle demande au chef de la diplomatie britannique de faire pression sur la justice Française. Son procès doit se tenir devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer en janvier prochain. La petite Afghane, elle, a été raccompagnée par les policiers auprès de son père, dans la jungle de Calais.