Après avoir été arrêté, Salah Abdeslam a été conduit à l'hôpital dans cette ambulance, sous haute surveillance. 0:30
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Mathieu Bock et Anaïs Huet , modifié à
Notre reporter a rencontré le premier avocat commis d'office d'Abdeslam. Il décrit un homme "spontané", prêt à répondre "à toutes les questions".

Me Alexandre Kasongo ne s'attendait sans doute pas à vivre un week-end pareil. L'avocat devait quitter Bruxelles avant que son voyage soit annulé. C’est donc un peu par défaut qu’il se retrouve de permanence pour les commissions d'office et qu'il accepte de défendre ce cas anonyme qu’on lui présente. Mais cet homme qu'il va assister, il ne le sait pas encore, n'est autre que Salah Abdeslam, l’homme le plus recherché d’Europe, fraîchement arrêté dans le quartier de Molenbeek.

A peine le temps de se plonger dans le dossier et il rencontre Salah Abdeslam, juste après son interpellation. Dans un couloir du siège de la police bruxelloise, l'ex-homme le plus recherché d'Europe est allongé sur un lit, car il a été blessé à un genou durant sa capture.

"Gentil, serein". Les deux hommes restent seuls pendant 30 minutes. "Il était spontané, il a collaboré dès le départ. Il n’était pas agressif, il était serein, gentil, il répondait à toutes les questions", se souvient Me Kasongo, au micro d'Europe 1. Secret de l’instruction oblige, l'avocat refuse de dire si Salah Abdeslam a exprimé des regrets sur son implication dans les attentats de Paris. Mais manifestement, le dernier membre vivant des commandos du 13 novembre a besoin de vider son sac. "Il a beaucoup aidé, il participe à la manifestation de la vérité", a encore confié Me Kasongo.

Une volonté de dire la "vérité". Cette volonté de vérité est aussi la stratégie adoptée par le nouvel avocat de Salah Abdeslam Me Sven Mary. Pour ce dernier, le djihadiste est un "trésor en informations, tant pour la justice belge que pour la justice française. Ce qui s’est passé à Paris, c’est l’atrocité. Pour éviter que certaines de ces choses ne se passent à nouveau, il serait intéressant qu’on attende avant de divulguer des choses qui font partie du secret de l’instruction, d’écouter d’abord ce qu’il a à dire", a déclaré Me Sven Mary, taclant au passage le procureur de Paris, François Molins, contre qui il envisage de porter plainte pour violation du secret de l'instruction.

Salah Abdeslam "collaborait samedi. J'espère qu'il continuera à le faire", a affirmé l'avocat. "S'il souhaite contribuer à cette vérité, je l’y aiderai". L’avocat belge souhaite par ailleurs que Salah Abdeslam obtienne le statut de repenti, un statut qui n’existe pas en Belgique mais bel et bien en France. Parler oui, mais pas sans contreparties.