Quand les "boeufs-carottes" se la jouent "inspecteurs du guide Michelin"

Un peu comme les critiques du guide Michelin, des commissaires se rendent anonymement dans des commissariat pour "tester" leurs collègues...
Un peu comme les critiques du guide Michelin, des commissaires se rendent anonymement dans des commissariat pour "tester" leurs collègues... © MEHDI FEDOUACH / AFP
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A.C. avec Marguerite Lefebvre
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) procède à des contrôles inopinés dans les commissariats et chaque année, un peu plus d'une centaine sont passés au crible.

Ils sont un peu les "inspecteurs du guide Michelin" des commissariats... Depuis 2010, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a instauré des contrôles inopinés dans les commissariats et chaque année, un peu plus d'une centaine sont passés au crible des "bœufs-carottes". En clair, des commissaires en civil entrent incognito pour déposer une fausse plainte... pour "tester" les réactions de leurs collègues.

30 à 40 minutes d'observation incognito. Les commissaires de l'IGPN se mêlent au public comme si de rien n'était. Sauf que dans la salle d'attente, ils observent tout : de l'attitude du personnel à la propreté des locaux. Et pour avoir le temps de tout examiner, un des commissaires, interrogé par Europe 1, confie qu'il ne se présente jamais dans un commissariat vide. "J’essaie de me présenter après que deux ou trois plaignants patientent de manière à rester 30 à 40 minutes pour observer le comportement des uns et des autres. L’anonymat va jusqu’au dépôt de la plainte", confie-t-il. 

Vétusté des locaux et refus de plaintes. Une fois qu'ils ont décliné leur identité, les commissaires auditionnent tous les services pendant plusieurs heures. En 2016, le taux de satisfaction était de 80%. Parmi les principaux problèmes soulevés, la vétusté des locaux tout d'abord, qui ne permet pas toujours un accueil convenable, mais aussi les refus de plaintes.

C'est d'ailleurs l'une des préoccupations de Jean-Jacques Herlem, qui dirige le cabinet des audits à l'IGPN. Selon lui, "c'est quand même un peu le cœur du métier de police qui est en jeu. On va éconduire les personnes, c’est un comportement anormal et donc les observations sont très sévères les concernant".

En cas de manquement, il n'y a pas de procédure disciplinaire engagée directement. Cependant, l'IGPN fait des recommandations précises aux patrons du commissariat.