Aulnay : le parquet saisit l'IGPN après les accusations d'un animateur municipal

© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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Julien Ricotta et Guillaume Biet , modifié à
INFO EUROPE 1 - L'homme a raconté au journal "Libération" avoir été violemment interpellé par des policiers, trois jours avant l'affaire Théo. 
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Le parquet de Bobigny a décidé d’ouvrir une enquête et de saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) après les déclarations d’un animateur d’Aulnay-sous-Bois, qui raconte à Libération avoir été insulté et frappé par des policiers de la BAC d’Aulnay le 30 janvier dernier. Un témoignage qui jette une nouvelle fois le trouble sur les méthodes des policiers de cette ville de Seine-Saint-Denis, où le jeune Théo a été violemment interpellé le 2 février dernier. 

Des insultes à l'origine de l'incident. Les faits se sont déroulés le 30 janvier dernier, soit seulement trois jours avant l’interpellation de Théo. Djamel Dib, animateur à la ville d’Aulnay, vient de terminer son travail et circule en voiture aux alentours de 16h15. Le père de famille de 34 ans est au volant quand un véhicule, qu’il n’identifie pas comme appartenant à la police, grille un stop et lui barre la route. Un agent lui aurait alors lancé : "Bouge de là fils de pute." L’animateur demande des excuses, mais selon lui, les insultes reprennent. Le ton monte, et deux agents sortent de leur voiture.

"J’ai cru que j’allais mourir." Selon une vidéo prise à ce moment-là et consultée par Libération, "l’animateur est saisi au niveau du cou par les deux agents, dont un qui lui fait une clé d’étranglement", écrit le quotidien. "Celui qui m’étranglait a serré très fort pendant environ une trentaine de secondes. J’ai cru que j’allais mourir, je n’arrivais plus du tout à respirer", raconte l’animateur. Un policier se saisit alors d’un pistolet Taser et le place tout près de son visage. "Le policier me menaçait en me disant ‘tu veux que je tire’ ?"

Relâché après avoir révélé son identité. Djamel Dib est alors menotté et embarqué dans la voiture de police. "Une fois dans le véhicule, ils me disaient 'ferme ta gueule, arrête de pleurer'. Je leur ai expliqué que je travaille à la ville, que j’ai 34 ans, que je suis père de famille et que je ne vais pas laisser passer ça, que je vais en parler au maire", assure-t-il. Une fois son identité révélée, les policiers changent totalement d’attitude. Ils lui enlèvent alors les menottes et le relâchent presque dans la foulée.

On lui refuse deux plaintes. L’histoire ne s’arrête pas là. L’agent municipal se rend alors chez son médecin, qui lui prescrit cinq jours d'incapacité temporaire de travail (ITT). Djamel Dib veut alors porter plainte. Sauf que le commissariat d’Aulnay, puis le commissariat de la ville voisine de Villepinte refusent de recevoir sa plainte. On lui conseille alors de se tourner vers l’Inspection générale de la police nationale (l’IGPN). Un service finalement saisi quelques heures après la publication du témoignage de l’animateur dans Libération