Prostitution : coup de filet dans des pseudos salons de massages

© AFP
  • Copié
Pierre de Cossette avec CB , modifié à
Après sept mois d’enquête, des policiers ont démantelé un réseau de salons très lucratifs tenues par des femmes.

Paris face à l'afflux des salons de massage asiatiques. Ils fleurissent dans la capitale, la mairie en compte près de 600, certains abritant des activités qui dépassent largement le massage conventionnel. La police judiciaire vient de démanteler un réseau de salons très lucratifs.

"Pas le genre d’endroit où l’on va parce que l’on a une tendinite". Vues de la rue, il s’agit de petites boutiques, en rez-de-chaussée, avec leurs enseignes lumineuses. Sauf que les clients sont uniquement masculins et restent entre trois quarts d'heure et une heure. L'activité de ces salons ne faisait guère de mystère. Mais pour le prouver, c'est un minutieux travail qu'ont dû entreprendre le commissaire Patrick Yvars et ses hommes, qui ont débuté leur enquête en mars dernier.  L’enquête, également conduite par les hommes du Groupe d’intervention régional, portait à l’origine sur deux salons du 14e et 15e arrondissement de Paris. Après sept mois d'enquête, ils sont passés à l'action en début de semaine, dans ces cinq salons de massages : quatre à Paris et un dans le Val-de-Marne.

"Quand on voit ce genre d’établissements, ce n’est pas le genre d’endroit où l’on va parce que l’on a une tendinite avec une ordonnance, pour avoir des massages. Quand vous rentrez au sein de ces établissements et que l’on voit une prostituée entièrement nue, en train de prodiguer un massage "body-body" sur un client qui lui aussi est déshabillé, il n’y a pas trop de questions à se poser. Surtout quand on voit énormément de préservatifs usagés, je crois que l’on ne s’est pas trompé", réagit Patrick Yvars au micro d’Europe 1.

Neuf personnes présentées à un juge. Les enquêteurs du troisième district de la police judiciaire parisienne ont trouvé 50.000 euros en liquide lors des perquisitions chez les gérantes de ces cinq salons. Ils ont aussi saisi 30.000 euros sur leurs comptes en banque. Plus surprenant : l’Urssaf réclame 220.000 euros aux gérantes. Une infime partie de ce que rapportent ces salons à ces proxénètes : 80 à 100 euros le massage, soit plusieurs milliers d'euros par jour, réexpédiés très rapidement en Chine. Les masseuses, elles, touchaient 20% du prix de leurs prestations.

Au total, douze personnes ont été interpellées. Et douze prostituées ont été entendues ainsi qu’une vingtaine de clients. A l'issue de leur garde à vue, sept femmes et deux hommes ont été présentés à un juge d'instruction  : quatre femmes ont été mises en examen pour des chefs de proxénétisme aggravé, proxénétisme hôtelier, travail dissimulé, emploi d'étrangers sans titre de travail. Elles ont placées en détention provisoire. Un homme et trois femmes ont été mis en examen des mêmes chefs et placés sous contrôle judiciaire. Un homme a été placé sous le statut de témoin assisté. 

Les masseuses, elles, ont été remises en liberté. Le préfet de police de Paris, et le préfet du Val-de-Marne ont, quant à eux, demandé la fermeture immédiate de ces salons.