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Justin Morin, édité par Manon Fossat
Le prêtre Olivier Maire a été assassiné lundi à Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée. L'assassin présumé qui était hébergé au sein de la communauté religieuse de la victime est également l'incendiaire présumé de la cathédrale de Nantes en 2020. Il avait interdiction de quitter le territoire en attendant son procès.

Une enquête a été ouverte lundi pour "homicide volontaire" après la mort d'un prêtre en Vendée. C'est l'incendiaire présumé de la cathédrale de Nantes en 2020 qui s'est accusé de ce crime. Il a été interné d'office lundi soir, sa garde à vue ayant été jugée "incompatible avec son état de santé". Dans le cadre de son contrôle judiciaire lié à l'incendie, l'homme de 40 ans de nationalité rwandaise était hébergé au sein de la communauté religieuse à laquelle appartenait la victime, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, depuis fin mai.

"On ne peut pas anticiper un acte de folie meurtrière"

L'assassin présumé vivait en effet parmi les religieux depuis plus de deux mois grâce à sa victime. Le prêtre Olivier Maire avait accepté de l'accueillir après presque un an de détention provisoire. L'homme avait l'obligation d'y résider selon une décision validée par un juge, afin qu'il soit sous surveillance jusqu'à son procès. Seulement, le quadragénaire a rapidement émis le souhait de partir. Chose que la victime a signalé aux gendarmes. Une initiative qui aurait alors bousculé psychologiquement le suspect, hospitalisé par la suite pendant un mois pour des troubles psychiatriques.

Après quoi ce dernier est revenu vivre parmi les religieux il y a un peu plus de dix jours. Pour le Père Hugues de Woillemont, porte-parole de la conférence des évêques de France et invité d'Europe Matin, cet homme avait effectivement des difficultés psychiatriques. "Je pense que le Père Olivier Maire, qui avait une bonne connaissance du milieu carcéral, avait dû prendre des précautions et l'avait accueilli avec une certaine forme de sûreté. Mais on ne peut pas anticiper un acte de folie meurtrière", a-t-il jugé. Alors vengeance à l'égard de celui qui l'a signalé à la gendarmerie ou excès de folie ? Une enquête préliminaire pour meurtre afin de déterminer les motivations de ce geste a été ouverte dans la foulée lundi. "C'est aussi l'appel de l'Evangile que de prendre le risque d'accueillir ces gens-là dont personne ne veut, a poursuivi le le Père Hugues de Woillemont. 

L'impossibilité d'être expulsé

Depuis cet évènement tragique, de nombreux élus de l'opposition dénoncent le laxisme de l'Etat et de la justice dans la prise en charge de l'individu. "On ne peut pas instrumentaliser la mort d'une personne", leur a répondu le porte-parole de la conférence des évêques de France sur Europe 1, qui a plutôt appelé à cette heure au recueillement. Dans les faits, cet homme de nationalité rwandaise arrivé en France en 2012 s'est toujours vu refuser le statut de réfugié.

D'après le ministère de l'Intérieur, il a été la cible de trois arrêtés de reconduite à la frontière émis par un préfet. Deux ont été invalidés par le tribunal administratif de Nantes et le suspect a de nouveau fait recours lors de la troisième obligation de quitter le territoire, en novembre 2019. Selon les premiers éléments de l'enquête, cette demande d'asile avait semble-t-il été soutenue par le communauté chrétienne de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Quoi qu'il en soit, en attendant son procès suite à l'incendie de la cathédrale de Nantes, l'assassin présumé ne pouvait être expulsé. La décision pénale de son contrôle judiciaire ayant la priorité sur une décision administrative.