Le "tueur de DRH" risque la réclusion criminelle à perpétuité. 2:12
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avec AFP / Crédit photo : PHILIPPE DESMAZES / AFP , modifié à
Le procès du "tueur de DRH" s'est ouvert ce mardi 13 juin devant la cour d'Assises de la Drôme à Valence. De son vrai nom Gabriel Fortin, l'homme est accusé d'avoir assassiné deux responsables des ressources humaines ainsi qu'une cadre de Pôle Emploi. L'accusé de 48 ans pointe de son côté des "mensonges".

Gabriel Fortin, ingénieur au chômage accusé d'avoir tué en 2021 deux anciens DRH qui l'avaient licencié et une cadre de Pôle Emploi, est sorti de son silence ce mardi 13 juin pour se présenter en victime au premier jour de son procès devant les assises de la Drôme. A l'évocation de son parcours et de son périple sanglant de 2021, l'accusé de 48 ans a pointé des "mensonges", affirmant que des élus et magistrats étaient "responsables" de sa "situation" pour ne pas avoir donné suite à ses multiples requêtes après des échecs professionnels qui, selon les enquêteurs, ont nourri sa vengeance.

 

De nombreux "mensonges" selon l'accusé

"Il y a beaucoup de mensonges dans la continuité des faits dont j'ai été victime. Tout cela a impacté ma vie personnelle, ma vie professionnelle", a déclaré l'accusé dans un laïus, aussi bref que déroutant, entonné d'une voix blanche. A la suite de ses licenciements en 2006 et 2009, l'accusé a expliqué avoir "envoyé de nombreuses plaintes" aux procureurs de Chartres, Valence et Nancy, "à des députés, à des ministres de la Justice" et au Défenseur des droits, vers lesquels il reporte la responsabilité de ses actes.

Ces "personnes en capacité d'agir sont responsables de ma situation", a-t-il affirmé. Sur ces mots, une légère agitation a secoué la salle, puis le président de la cour d'assises a interrompu l'échange. La mère de Gabriel Fortin, 78 ans, est ensuite apparue à la barre pour décrire un enfant métis "attentionné" qui a grandi sans père, parti refaire sa vie au Gabon, avant d'éclater subitement en sanglots au moment de découvrir que son fils se trouvait à sa gauche, derrière la vitre du box des accusés.

"Explique leur le pourquoi, ils ont besoin de savoir pour faire leur deuil, je t'en prie ! Réponds bien aux questions qu'on te pose, essaie de leur dire ce qu'il s'est passé", a-t-elle imploré. Imperturbable, l'accusé demande la parole pour froidement répéter sa précédente déclaration. "L'affaire est finie", conclut-il en se rasseyant, sans un mot pour les familles des victimes ou sa mère malgré les exhortations de celle-ci.

Risque de réclusion criminelle à perpétuité

Dans la matinée, les parties civiles ont craint de voir le box rester vide, l'accusé ayant jusqu'à présent refusé de collaborer aux interrogatoires, expertises et reconstitutions. Mais l'homme, à la carrure épaisse et aux cheveux rasés masquant sa calvitie, est finalement apparu dans l'espace vitré réservé aux accusés. Au terme des trois semaines de procès consacré aux trois assassinats, ainsi qu'à une tentative d'assassinat, Gabriel Fortin, en détention provisoire depuis sa mise en examen, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

En 2021, son périple sanglant avait provoqué un fort émoi dans le pays. Le 28 janvier, il a successivement abattu Patricia Pasquion, 54 ans, cadre dans une agence Pôle Emploi de Valence, puis Géraldine Caclin, responsable des ressources humaines d'une entreprise de Guilherand-Granges (Ardèche), Faun Environnement, avant d'être arrêté dans sa voiture.

Puis l'enquête établit rapidement un rapprochement avec d'autres faits commis dans le Haut-Rhin : la mort d'Estelle Luce, le 26 janvier, tuée par balles dans sa voiture à Wolfgantzen, puis, le même soir, à Wattwiller, l'agression à son domicile de Bertrand M., un cadre blessé par balle par un homme qui avait réussi à s'enfuir. On saura ensuite que trois des quatre victimes avaient été associées à deux licenciements de Gabriel Fortin, d'une entreprise d'Eure-et-Loir en 2006 et de Faun Environnement en 2009.

Socialement isolé, l'ingénieur discret habitant Nancy, amateur de tir sportif, vivait le chômage comme une injustice et ne supportait pas d'être déclassé socialement. Selon le parquet, ces meurtres semblent avoir été minutieusement préparés. De nombreux repérages et préparatifs consignés en attestent. Le verdict est attendu le 30 juin.