Meurtre de Bastien : "Maman, elle était en train de faire un puzzle"

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La mère du petit Bastien, mort après avoir été enfermé dans un lave-linge, comparaît devant les assises pour complicité. En arrière-plan, le père, jugé, lui, pour meurtre. © ALTERNATIVE CROP / AFP
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C.P.-R. avec AFP , modifié à
L'audition de la grande sœur de Bastien, mort à trois ans après avoir été enfermé dans un lave-linge par son père, a été visionnée mercredi à la cour d'assises de Melun. Son témoignage appuie la culpabilité du père et la complicité de la mère.

"Ce soir-là, elle a eu beaucoup de courage", avait estimé mardi, la voix étranglée dans un sanglot, David Seyler - l'adjudant-chef ayant dirigé l'enquête. Elle, c'est la grande sœur du petit Bastien, mort le 25 novembre 2011 après avoir été enfermé dans un lave-linge par son père qui voulait le punir d'une supposée bêtise faite à l'école. Depuis mardi, ses parents, Christophe Champenois et Charlène Cotte, sont jugés par la cour d'assises de Seine-et-Marne, à Melun : lui pour le meurtre, elle pour complicité.

La vérité d'une enfant. Le soir même des faits, tout juste âgée de cinq ans, Maud s'est confiée aux enquêteurs sur ce qu'il s'était passé. C'est cette audition de la fillette qui a été diffusée mercredi, lors du deuxième jour d'audience de ce procès où l'arme du crime est inédite. Et les mots de l'enfant ont mis à mal la défense de sa mère, Charlène Cotte, qui nie depuis le départ sa responsabilité dans la mort de son fils. Celle-ci assure avoir tenté de sauver Bastien. Mais, dans la vidéo, l'enquêtrice demande à la petite Maud : "Maman, elle faisait quoi ?" "Elle était en train de faire un puzzle" avec "Monsieur Patate", répond la blondinette coiffée de couettes.

"Après, j'ai plus rien entendu". Ce triste soir de novembre, la petite fille avait spontanément raconté à un voisin accouru sur les lieux du drame que son père avait "mis Bastien dans la machine parce qu'il avait fait des bêtises à l'école". "Il a parlé, il a pleuré. Après j'ai plus rien entendu", raconte Maud aux policiers, elle qui croit que son petit frère dort.

C'est la mère de famille qui, à son retour de l'école où elle était allée chercher ses deux enfants, avait raconté à son mari que leur fils s'était une nouvelle fois mal comporté. Un mensonge qui aurait excité la colère du père et constitue, pour les enquêteurs, une incitation au meurtre.

Un mensonge vite découvert. A l'enquêtrice, la petite Maud a confirmé ce qu'elle avait dit au voisin, qui a livré son témoignage à la cour, mardi soir, jour de l'ouverture du procès des parents de Bastien. Ce dernier a raconté que, l'entendant dire cela, son père avait fait le geste de la frapper en disant: "Arrête de dire des conneries".

Dans un premier temps, les parents de Bastien avaient cherché en effet à maquiller le crime pour faire croire à un accident. La mère serait même allée jusqu'à déshabiller son fils pour accréditer l'une des versions livrées par son conjoint selon laquelle Bastien s'était noyé dans son bain après être tombé dans l'escalier.

Entre inertie et somnolence. Mercredi, la cour a également visionné les photos insoutenables du corps meurtri de Bastien, prises après son décès. Comme la veille, Charlène Cotte, abattue, a gardé sa tête baissée pendant toute la matinée. Quant à Christophe Champenois, qui avait été pris d'accès de somnolence la veille - au point de tomber de sa chaise -, il a essuyé une larme en regardant sa fille à l'écran. Tous deux risquent la réclusion à perpétuité.