Manche : cinq migrants perdent la vie dans une tentative de traversée, premier drame de 2024

© STUART BROCK / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : STUART BROCK / AFP
Cinq migrants sont morts dans la nuit de samedi à dimanche près d'une plage de Wimereux alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche. Il s'agit du premier drame  meurtrier de 2024 au large des côtes françaises. Une sixième personne a par ailleurs été transférée "en urgence absolue" à l'hôpital.

Cinq migrants sont morts dans la nuit de samedi à dimanche près d'une plage de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche, le premier drame meurtrier de 2024 au large des côtes françaises. Quatre décès avaient initialement été dénombrés par la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar) en début de matinée, mais un cinquième corps inanimé a ensuite été retrouvé au bord de la plage. Une sixième personne a par ailleurs été transférée "en urgence absolue" à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), indique la Prémar dans un communiqué, faisant également état d'un blessé léger et de 32 rescapés.

 

"Les personnes se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre" une embarcation déjà à l'eau, signalée par les forces de l'ordre à terre, aux alentours d'1H45, a-t-elle détaillé. Le remorqueur d'intervention Abeille Normandie, "en patrouille dans la zone, a mis son embarcation à l'eau" pour les secourir. "À ce moment-là", l'équipage a "identifié des personnes inanimées et inconscientes", dans une eau à 9 degrés, a poursuivi la Prémar. Les rescapés ont été conduits dans un hangar de Calais mis à disposition des migrants dans le cadre du plan grand froid, a constaté un journaliste de l'AFP.

Nouvelle "déchirante"

"Des familles entières avec des enfants, dont certains en bas âge" figurent parmi eux, selon une des personnes chargées de leur accueil, qui ne souhaite pas donner son nom. "D'autres opérations de surveillance et de sauvetage sont en cours sur l'ensemble du littoral du Pas-de-Calais", a précisé la Prémar.

Une enquête a été ouverte et confiée à l'Oltim (Office de lutte contre le trafic illicite de migrants) de Coquelles et à la gendarmerie maritime de Calais, notamment pour "homicides involontaires aggravés", "aide au séjour d'étrangers en situation irrégulière en bande organisée" et "association de malfaiteurs", a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer à l'AFP.

Des migrants sont entendus "en tant que témoins" et des autopsies doivent avoir lieu déterminer le motif des décès qui peuvent être dus à des "noyades" ou à des "chocs thermiques", a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie britannique David Cameron a affirmé à la BBC que cette nouvelle "déchirante" lui "bris(ait) le cœur". Mais elle "montre aussi à quel point nous devons stopper les bateaux, stopper ces trafics et les êtres humains qui sont derrière", a-t-il ajouté. "Dans un monde idéal, nous renverrions juste ces personnes en France, et le trafic s'effondrerait. Mais ce n'est pas possible, et c'est pour cela que nous poursuivons cette politique avec le Rwanda", a-t-il poursuivi.

"Trafic ignoble"

Les députés britanniques doivent se prononcer cette semaine sur le projet de loi permettant au gouvernement d'expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement sur le sol britannique. "Nous avons perdu le contrôle de nos frontières et nous devons faire quelque chose pour arrêter les bateaux. Maintenant, je pense que le point de départ pour cela est de s'attaquer aux gangs criminels qui mènent ce trafic ignoble", a réagi pour sa part Keir Starmer, leader de l'opposition travailliste sur la BBC.

Sur la digue de Wimereux, lieu du drame, seuls subsistent dimanche quelques vêtements et chaussures abandonnés par les naufragés, sous un ciel gris et le crachin, a constaté un journaliste de l'AFP. Douze migrants ont perdu la vie en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon le décompte de la Prémar.

Depuis les années 1990, des centaines d'exilés s'entassent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier l'Angleterre, cachés dans des camions ou par bateau. En 2023, près de 30.000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre plus de 45.000 en 2022, année record, selon le ministère britannique de l'Intérieur. Environ un cinquième sont originaires d'Afghanistan. Viennent ensuite les Iraniens, les Turcs, les Érythréens et les Irakiens.