Les trafiquants blanchissaient plus de 90 millions d’euros par an

Plus de 2 millions d’euros saisis en septembre 2019.
Plus de 2 millions d’euros saisis en septembre 2019. © Gendarmerie nationale
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Guillaume Biet , modifié à
Au total, 18 suspects ont été arrêtés et mis en cause dans un vaste réseau de blanchiment d’argent de la drogue démantelé en France par les gendarmes, au terme de 18 mois d’enquête. Les billets redescendaient vers le Maroc dans les camions d’un transporteur.

"C’est une autre stratégie pour lutter contre le trafic de drogue", résume un enquêteur. Cette fois, il ne s’agit pas de saisie record de résine de cannabis mais bien d’un coup d’arrêt au blanchiment de sommes colossales générées par le trafic de stupéfiants. Au début du mois de novembre, à Sète, Frontignan et Saint Jean de Vedas, dans l'Hérault, les gendarmes ont arrêté trois hommes de 36 ans à 41 ans, soupçonnés d’être impliqués dans ce réseau. Ils ont depuis été mis en examen par un juge d’instruction de la JIRS de Lyon. Les deux principaux suspects ont été écroués, le troisième placé sous contrôle judiciaire. Environ 600.000 euros en bien immobiliers ont été saisis.

18 suspects appréhendés dans ce dossier de collecteurs d’argent de la drogue

C’est le dernier volet de ce vaste dossier qui mobilise à temps plein une cinquantaine d’enquêteurs depuis plus de 18 mois. Les gendarmes des sections de recherches de Lyon, Nîmes, Chambéry et Montpellier ont enquêté avec l’appui du GIGN et des gendarmes départementaux, en coordination avec Europol. Au total, 18 suspects ont été appréhendés dans ce dossier de collecteurs d’argent de la drogue. C’est une société marocaine de transport de marchandises qui est au cœur du trafic.

"Le trafic était organisé autour d’un transporteur routier qui utilisait une flotte de camion commerciaux qui transportaient d’autres marchandises", explique à Europe 1 le colonel Laurent Lesaffre, commandant de la section de recherches de Lyon. Par sacs entiers, "l’argent était donné aux conducteurs de ces camions qui le rassemblaient et le transportaient en toute discrétion. Nous avons estimé que ce trafic générait un flux d’au moins 90 millions d’euros par an", précise-t-il.

4 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en espèces et en biens immobiliers

Point d’orgue de cette affaire : la saisie en septembre 2019 à la frontière franco-espagnole de plus de deux millions d’euros dans une voiture roulant vers l’Espagne. Les deux occupants avaient eux aussi été mis en examen et écroués dans ce même dossier. 

Au total, plus de 4 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en espèces et en biens immobiliers. Ils sont sous le contrôle de l’Agrasc, l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, et pourraient finir dans les caisses de l’Etat lorsque l’affaire aura été jugée.