Le braquage d'un fast-food pour financer un départ en Syrie en procès

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Pierre de Cossette avec CB et AFP , modifié à
Quatre hommes sont jugés à partir de mardi pour un braquage qui devait financer le départ du principal suspect, suspecté d’être un proche de Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan.

Le braquage d'un fast-food devait financer un départ en Syrie. Quatre hommes comparaissent de mardi à jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs et vol -complicité pour l'un d'eux-, le tout en relation avec une entreprise terroriste. A l’époque des faits, en 2013, les suspects faisaient figure de précurseurs, les départs en Syrie étaient bien moins nombreux qu'aujourd'hui. Mais leur profil et le parcours, lui, étaient proches, de ceux des individus radicalisés qui ont perpétré les attentats du 13 novembre à Paris.

Un braquage mené par une équipe de pieds nickelés. Le 4 septembre 2013 dans la soirée, trois hommes cagoulés et gantés, munis d'armes de poing et d'un couteau, braquent un Quick en bordure de la Nationale 10, à Coignières, dans les Yvelines. Montant du butin : quelque 4.000 euros. La police ne tarde pas à identifier et interpeller les suspects, âgés de 26 à 36 ans. Ils sont considérés comme appartenant à la mouvance islamiste radicale, faisaient l'objet d'une attention particulière de la part des services antiterroristes.

Peu avant le braquage, les policiers, qui les surveillaient à distance, ont pu observer les mouvements de leurs voitures. Les braqueurs avaient ainsi et tenté de siphonner un réservoir de voiture, sans succès. Les suspects avaient également été vus s'arrêtant sur un terre-plein, pour faire la prière. Plus ironique : l'un d’entre eux, contrôlé sans billet dans le train quelques heures avant le braquage, avait donné naïvement son vrai nom au contrôleur.

Des suspects en lien avec des djihadistes syriens. En garde à vue, l'un des suspects a immédiatement reconnu sa participation au braquage. Le butin devait servir à financer son départ en Syrie, pour, dit-il alors, rejoindre les rangs des opposants au président Bachar al-Assad. Son départ était prévu peu de temps après. Cette équipe hétéroclite aux allures de pieds nickelés entretenait des relations qui interpellent aujourd’hui. Le meneur, d’origine malgache, qui devait partir en Syrie, est en contact avec plusieurs hommes, dont possiblement Samy Amimour, l’un des trois kamikazes de l'assaut perpétré au Bataclan. Les deux hommes se seraient rencontrés à Paris.

Parmi les complices figure un radicalisé antillais, qui a séjourné en Tunisie fin 2012, à Tataouine, pour un voyage de repérage de deux semaines, afin de s'assurer qu'il pourrait s'y installer et y pratiquer l'islam sans restriction. Projet avorté car, faute de billet aller/retour, il avait été expulsé de Tunisie à l'expiration de son visa et n'avait pu y retourner à Tataouine. Il avait été accueilli par l'un de ses coprévenus. Les investigations menées dans un autre dossier attribuent à cet homme de 36 ans le rôle de celui qui accueillait les nouveaux arrivants à Tataouine, lieu de passage prisé par de nombreux djihadistes avant leur départ la Syrie. Il connaissait d’ailleurs Charaffe El Mouadan, Franco-Marocain de 26 ans, qui a rejoint les rangs de l'État islamique et qui a, selon l'armée américaine, été tué le 24 décembre dernier en Syrie. Mais, selon les dires du suspect, il y a mené une vie paisible, loin du terrorisme.

Le troisième membre, d'origine vietnamienne, un converti, a depuis été placé à l'isolement, en prison. Il a été écarté des autres détenus en raison de son prosélytisme.