Landes : procès d’un double infanticide, sur fond de difficultés financières

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avec AFP , modifié à
Un couple est jugé pour avoir étouffé deux nouveau-nés en moins d’un an. Présentés comme "sans histoire", les parents étaient en proie à des difficultés financières.

Avec les révélations sur les infanticides, c’est aussi l’histoire d’un couple étranglé par ses dettes qui avait été mis en lumière dans l’affaire de Serres-Gaston. Le procès d’un double infanticide s’ouvre lundi devant les assises de Mont-de-Marsan, dans les Landes. Le couple, qui habitait une ferme à Serres-Gaston, est jugé pour avoir étouffé deux de ses enfants, en moins d’un an. Présentés comme "sans histoire", les deux concubins avaient déjà trois enfants en bas âges, et étaient en proie à des difficultés financières. La mère, influencable, a reconnu une part de responsabilité dans la mort du premier bébé. Le père, alcoolique, plaide non-coupable : il croyait, jure-t-il, le premier enfant mort-né et le deuxième "abandonné à l'hôpital". Le couple encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

La grand-mère donne l’alerte. L'affaire éclate au lendemain de Noël 2013, lorsque la grand-mère paternelle appelle les services de protection de l'enfance, après avoir appris mi-décembre par son fils que le couple avait abandonné un bébé non-déclaré. Les gendarmes se saisissent alors de l’enquête pour retrouver la trace de l’enfant. En vain. En garde à vue, la mère finit par avouer qu'elle a laissé le bébé, né dans la nuit du 26 au 27 septembre, se noyer dans un lac.

Selon les éléments de l’enquête, en septembre 2013, le petit Nicolas était né vivant, mais ses parents avaient décidé de l'abandonner faute de moyens financiers suffisants pour l'assumer. C'est sa mère qui devait s'en charger, en le laissant à l'hôpital de Mont-de-Marsan, ce qui ne fut jamais le cas. La femme est alors mise en examen et écrouée. Le père, choqué par ses déclarations, n'est alors pas poursuivi.

Une seconde découverte. L’affaire rebondit quelques semaines plus tard. Le 3 février 2014, les enquêteurs découvrent les corps de deux petits garçons dans un sac plastique jeté dans un fossé non loin d'une ferme où vivent les parents de la mère de famille. A nouveau placée en garde à vue, la mère avoue que les deux enfants, nés en 2012 et en 2013, ont en réalité été étouffés. Nicolas ne s'est donc pas noyé dans un lac.

Le père assure ne pas avoir été au courant de tout. La mère est une nouvelle fois mise en examen pour l'homicide du bébé né en 2012. Elle refuse toutefois d'assumer seule la responsabilité de ces actes, laissant entendre que son compagnon était au courant. Celui-ci est alors mis en examen pour "non-dénonciation de crime et recel de cadavre" et écroué.

Le procès devra donc mettre la lumière sur ces deux infanticides et ces deux versions contradictoires au sein du couple. L’enquête a permis de déterminer que le couple rencontrait d’importantes difficultés financières. Au moment de la découverte des faits en 2014, le père était au chômage depuis un an et demi.