La demande de liberté conditionnelle de Patrick Henry examinée

Patrick Henry, en 2002.
Patrick Henry, en 2002. © AFP
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avec Chloé Triomphe et AFP , modifié à
La cour d'appel de Paris examine jeudi la demande de libération conditionnelle du détenu, obtenue en janvier, mais bloquée par un appel du parquet.

Patrick Henry, condamné en 1977 à la réclusion à perpétuité pour le meurtre d'un enfant, peut-il retrouver la liberté ? La cour d'appel de Paris examine jeudi sa demande de libération conditionnelle, obtenue en janvier mais bloquée par un appel du parquet, jugeant "pas assez encadrant" l'accompagnement prévu pour ce détenu retourné en prison en 2002 après l'échec de sa réinsertion.

Mise à jour le 25 février à 16h30 -Patrick Henry saura le 31 mars si la cour d'appel de Paris lui accorde le bénéfice de la liberté conditionnelle. "La cour a mis en délibéré au 31 mars. C'est un signe du destin car c'est la date d'anniversaire  de mon client", a déclaré Me Carine Delaby-Faure à la sortie de l'audience de la cour.

Il échappe de peu à la peine de mort. Patrick Henry, qui a passé 40 ans en prison, a été condamné à la réclusion à perpétuité en 1977 pour le meurtre de Philippe Bertrand, un enfant de sept ans, qu’il avait enlevé à la sortie de son école primaire le 30 janvier 1976, à Troyes, dans l’Aube. Après avoir échappé de justesse à la peine capitale, notamment grâce à la plaidoirie de son avocat Robert Badinter, il était devenu un symbole de la lutte pour l'abolition de la peine de mort. Considéré comme un détenu modèle, il avait obtenu sa mise en liberté conditionnelle après 25 ans de prison et était sorti en mai 2001 sous les feux des médias.

Une réinsertion sinueuse. Il était devenu informaticien et avait publié en 2002 un livre, "Avez-vous à le regretter ?" dont la presse s'était fait l'écho et qui lui avait permis de gagner environ 100.000 euros. Devenu un visage de la réinsertion, il avait cassé cette image par un vol à l'étalage en juin 2002. Et son arrestation en Espagne en octobre de la même année, en possession de près de 10 kg de cannabis, l'avait ramené en prison.

Une quatrième demande de remise en liberté. Extradé en France en avril 2003, sa liberté conditionnelle avait ensuite été révoquée. Il était condamné la même année par le tribunal correctionnel de Caen à quatre ans d'emprisonnement et 20.000 euros d'amende, décision confirmée en appel. Depuis son retour en prison, Patrick Henry avait déjà présenté trois autres demandes de libération conditionnelle, dont une avait été acceptée en 2007 par le tribunal avant d'être rejetée après un appel du parquet. Cette quatrième demande de libération conditionnelle avait été déposée en juillet 2014, après le refus d'une grâce présidentielle.

"Patrick Henry a changé". Cette fois, l’avocate de Patrick Henry entend défendre un accompagnement très poussé du détenu. "Patrick Henry a changé, il a suivi une psychothérapie et bien intégré les raisons de son échec", affirme son avocate, Me Carine Delaby-Faure. Vu son âge et ses chances de réinsertion, "s'il ne sort pas maintenant, il ne sortira plus jamais", assure l'avocate lilloise. "On a tous compris que ce dossier n'avait pas que des implications juridiques", estime Me Delaby-Faure, l’avocate lilloise qui le défend depuis 2013.

Angoissé à l'idée de s'exprimer. "Assez confiante" avant de plaider devant la Xe chambre de la cour d'appel de Paris, en présence de son client qui sera extrait pour l'audience de son centre de détention de Melun. Pour la première fois depuis des années, Patrick Henry va plaider sa cause hors des murs de la prison. Il va quitter sa cellule, faire le trajet en fourgon jusqu'au palais de justice de Paris, avant d'arriver à la salle d’audience. Pour cet homme de 62 ans, qui a passé 40 ans de sa vie derrière les barreaux, cet événement est source d'anxiété.

"Il me dit qu'il est impatient de voir ses juges, parce que cela fait tellement longtemps qu'il a envie de les rencontrer. Et il redoute une sortie de son lieu de détention, puisqu'il va être extrait, alors que cela fait très longtemps que cela ne lui ai pas arrivé. La sortie, le fourgon, l'attente dans les geôles du Palais de justice de Paris, dont on sait que ce n'est pas un lieu de vie particulièrement agréable, c'est très compliqué à gérer. Ce sont toujours des moments très difficiles, même pour Patrick Henry", détaille Me Carine Delaby-Faure, interrogée par Europe 1.

Cette dernière a donc tenté de l'apaiser, mercredi, lors d'un dernier parloir. Le détenu se dit prêt à trouver les mots, mais pas de faire de grands discours devant les juges. Patrick Henry devrait se contenter de répondre aux questions.

Une liberté conditionnelle par étape. L'avocate, elle, entend s'appuyer sur un "jugement bien motivé en première instance et un projet d'accompagnement très encadré, contrairement au reproche du parquet". S’appuyant sur l’ordonnance rendue le 8 janvier par les juges, l’avocate de Patrick Henry s’appuie sur le parcours de probation suivant : plusieurs permissions de sortie sur trois mois, puis un régime de semi-liberté dans un centre de Lille pendant six mois, et enfin huit mois de port du bracelet électronique, jusqu'à l'été 2017. En 16 mois, ce parcours de probation devait mener à la liberté conditionnelle de son client.