Isère : jugée pour avoir tué son mari violent, l’autre affaire Sauvage ?

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Dominique Dimet comparaît devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble, pour l’assassinat de son mari qui l’a persécuté durant plus de 40 ans.

L’affaire fait immanquablement écho à celle de Jacqueline Sauvage. A partir de jeudi, Dominique Dimet comparaît devant la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble, pour l’assassinat de son mari qui l’a persécutée durant plus de 40 ans.  Difficile de ne pas faire le lien avec Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent, avant d’être partiellement graciée par François Hollande. Se gardant de dresser un parallèle catégorique entre les deux histoires, les soutiens de Bernadette Dimet espèrent toutefois que l’émotion suscitée par l’affaire Jacqueline Sauvage impactera favorablement l’audience.

Elle lui tire dessus avec un fusil de chasse. Son dernier face-à-face avec son mari Bernard a lieu le 12 janvier 2012, dans la clairière du château d'eau de Parmilieu, non loin de sa maison. Ce jour-là, Bernadette dissimule le fusil de chasse chargé dans sa voiture et prend la route de la clairière, où se trouve le père de ses deux enfants. Là, elle s’engouffre dans le sous-bois, se poste à quatre mètres de son mari, et tire à deux reprises dans sa direction. Les analyses post-mortem montreront que l’individu a succombé au projectile reçu dans sa poitrine. Mais les circonstances entourant le drame restent opaques aux yeux des enquêteurs.

Une relation sadomasochiste. Élément toutefois incontestable du dossier : l’accusée a été victime pendant de longues années d’humiliation et de violences de la part de son mari. Décrite comme "soumise", cette dernière entretenait une relation proche du sadomasochisme avec son conjoint, diagnostiqué comme "jaloux, possessif et violent", par l’expert psychiatre sollicité pour l’instruction. Prisonnière de sa honte, Bernadette Dimet n’a jamais osé révéler la sexualité non consentie que lui imposait son mari, condamné pour avoir abusé d’une sœur de l’accusée.

Il signe une lettre et promet "de ne pas vouloir la tuer". C’est d’abord seule, sans avoir recours à la justice, qu’un jour elle décide de se libérer de son bourreau en le quittant quelques semaines avant le drame. Dans une lettre de rupture, elle écrit : "pour éviter de me faire tuer, je rentre à la maison", et demande à son mari de signer en bas de sa missive un "bon pour accord", où il s’engage à "ne pas la tuer" et "à la laisser tranquille", rapporte le Parisien. Signe d’une détresse latente.

La défense ne plaidera pas la légitime défense. Si l’histoire de Dominique Dimet fait écho à celle de sa comparse d’infortune, son avocat Me Frédéric Doyez, ne mise pas sur la même défense que celle choisie par les avocates de Jacqueline Sauvage. "Je ne plaiderai pas la légitime défense différée, notion idiote et qui n'est pas dans la loi de toute façon", estime l'avocat. Ce dernier veut simplement "obtenir une peine juste qui tiendrait compte des conditions d'existence" de sa cliente qui encourt la perpétuité.