Attentat de Nice : trois morts, le parquet antiterroriste saisi

Emmanuel Macron s'est rendu à Nice jeudi après-midi.
Emmanuel Macron s'est rendu à Nice jeudi après-midi. © ERIC GAILLARD / POOL / AFP
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Guillaume Biet, avec et AFP , modifié à
Selon nos informations, un homme a attaqué au couteau plusieurs personnes, jeudi matin, au sein de la basilique Notre-Dame de Nice. Trois personnes sont mortes, dont une femme décapitée. Emmanuel Macron, qui s'est rendu sur place, a dénoncé une "attaque terroriste islamiste". L'assaillant a été blessé par balle et a été transporté à l'hôpital.
L'ESSENTIEL

Jeudi matin, vers 9h, un homme a attaqué plusieurs personnes dans la basilique Notre-Dame de Nice. Trois personnes sont mortes, dont une femme, qui a été décapitée. L'assaillant qui a rapidement été interpellé 10 minutes plus tard par la police, a été grièvement blessé. Touché par balle, il est entre la vie et la mort. 

Emmanuel Macron s'est rendu sur place dans l'après-midi. Il a dénoncé une "attaque terroriste islamiste" et exprimé le "soutien de la nation toute entière aux catholiques". Le parquet national antiterroriste a été saisi. Voici ce que l'on sait de cet attentat qui survient deux semaines après la décapitation de Samuel Paty. 

Les principales informations

  • Trois personnes sont mortes, l'auteur est grièvement blessé
  • Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête
  • Emmanuel Macron, qui s'est rendu sur place, a dénoncé une "attaque terroriste islamiste"

Une attaque au couteau qui a fait trois morts

Les faits se sont produits vers 9 heures, dans la basilique Notre-Dame de Nice. Selon nos informations, un homme seul armé d'un couteau a attaqué plusieurs personnes à l'intérieur de l'édifice, faisant trois morts - deux femmes et un homme - selon le dernier bilan. Une femme a été décapitée, l'homme a été tué et la deuxième femme, grièvement blessée, a succombé à ses blessures dans un bar proche où elle s'était réfugiée. 

A 8H29, l'auteur des faits "entre dans la basilique et y restera un peu moins d'une demi-heure, période durant laquelle il s'attaque à 3 victimes", a relaté le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard lors d'une conférence de presse jeudi soir à Nice. A 8h54, une des victimes, qui succombera peu après à ses blessures, s'enfuit par le côté gauche de l'édifice. C'est alors que la police municipale, alertée par un témoin, intervient et se retrouve face au tueur dans le couloir de cette entrée latérale de l'église.

"Cet homme s'était avancé vers eux de manière menaçante en criant +Allah Akbar+, les contraignant alors à faire usage d'abord d'un pistolet à impulsions électriques puis en faisant feu à plusieurs reprises avec leur arme de service", a rapporté Jean-François Ricard. Quatorze étuis de balles seront retrouvés au sol. Le suspect, grièvement blessé, est transporté à l'hôpital. "Son pronostic vital reste actuellement engagé", a précisé le magistrat.

Trois paroissiens tués 

Les victimes sont trois paroissiens qui étaient présents dans cette église, en plein cœur de Nice, à quelques jours de la fête catholique de la Toussaint, le 1er novembre, qui célèbre tous les saints de l'Eglise. La première victime, trouvée près de l'entrée principale, "est âgée de 60 ans, elle présente un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation", a rapporté le procureur. L'assaillant a ensuite égorgé mortellement le sacristain. Vincent L., 55 ans, était père de deux filles.

La troisième victime est la femme qui s'est enfuie de la basilique. Agée de 44 ans, elle "est décédée dans un restaurant situé à proximité de la basilique des suites des multiples plaies", selon Jean-François Ricard. "Cet attentat visait des paroissiens tout à fait ordinaires qui venaient prier très tranquillement", a déclaré sur place Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

L'agresseur, un Tunisien de 21 ans

L'attaquant est un Tunisien de 21 ans, arrivé en Europe par Lampedusa fin septembre et en France début octobre, selon des sources proches du dossier. Cet homme, selon une source locale proche du dossier, se nomme Brahim A. Néanmoins, un doute persiste sur son identité. Le jeune homme est arrivé en France fin septembre via Lampedusa, en Italie, où il avait été mis en quarantaine par les autorités italiennes avant d'être visé par une obligation de quitter le territoire italien et laissé libre, a-t-on ajouté de source locale proche du dossier.

Il n'a pas fait de demande d'asile en France, a précisé cette source. Selon une autre source proche du dossier, les enquêteurs ne disposeraient que d'un document de la Croix rouge italienne correspondant à l'identité de Brahim A. Il est par ailleurs "inconnu au fichier national des empreintes digitales" et "inconnu des services de renseignements", selon Jean-François Ricard.

Le parquet antiterroriste saisi 

Le parquet antiterroriste a ouvert immédiatement une enquête pour "assassinats et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", coordonnée par la Sous-direction antiterroriste (Sdat). Sur place, les enquêteurs ont trouvé l'arme du crime, un couteau avec une lame de 17 cm, selon Jean-François Ricard.

Un sac d'effets personnels, un coran et deux téléphones, ainsi que deux couteaux non utilisés ont également été trouvés, a-t-il ajouté. "L'enquête se poursuit activement afin de préciser le déroulement précis des faits le parcours de l'auteur ainsi que les éventuelles complicités dont il a pu éventuellement bénéficier", a conclu le procureur antiterroriste.

Emmanuel Macron appelle à "ne rien céder à l'esprit de division"

Sur Twitter jeudi matin, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé l'ouverture d'une cellule de crise au ministère de l'Intérieur. Emmanuel Macron s'y est rendu vers 10h30, avant de partir à Nice en fin de matinée.

Le président a appelé les Français à l'unité et à "ne rien céder à l'esprit de division". Par ailleurs, il a également ajouté avoir décidé de passer "dans les prochaines heures" la "mobilisation dans le cadre de l'opération Sentinelle de 3.000 à 7.000 militaires sur notre sol". 

Le plan vigipirate porté au niveau "urgence attentat"

Selon nos informations, à la suite de l'attentat de Nice, le gouvernement a décidé de porter le plan vigipirate au niveau "urgence attentat" partout en France. Un conseil de défense aura également lieu vendredi matin.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin vient également d'adresser un télégramme à tous les préfets. L'objet : "Renforcement de la surveillance des lieux de culte après l'attaque au couteau de Nice". Dans le document que nous avons pu consulter, Darmanin leur demande de renforcer immédiatement la surveillance des lieux de culte et des cimetières, particulièrement à l'approche de la fête de La Toussaint.

L'Eglise catholique dénonce un "acte innommable"

Sur place, le maire de Nice, Christian Estrosi, a remercié les policiers municipaux, "qui ont interpellé l'auteur" de l'attaque. Comme le ministre de l'Intérieur, Christian Estrosi recommande aux Niçois d'éviter le secteur "pour laisser la police et les secours travailler". La Conférences des évêques de France (CEF) a rapidement réagi, qualifiant l'attaque d'acte "innommable". "Il y a une urgence à combattre cette gangrène qu'est le terrorisme, de la même façon qu'il y a urgence à mettre en place de manière concrète une fraternité dans notre pays", a déclaré à l'AFP le père Hugues de Woillemont, le porte-parole de la CEF.

François Hollande appelle au "courage, à l'unité et à la cohésion"

Invité d'Europe 1 jeudi matin, François Hollande a dit avoir "une pensée pour les familles endeuillées, avant d'appeler "au courage, à l'unité et à la cohésion". "C'est une nouvelle horreur qui frappe notre pays, après beaucoup d'autres, et notamment à Nice", déplore l'ancien président de la République, invité de Culture Médias. "Une fois encore, Nice est frappée. Mais c'est la France tout entière qui est attaquée", enchaîne François Hollande.