Dix mois de prison ferme pour des menaces de mort contre deux journalistes du Monde

Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont reçu des menaces de mort en 2014.
Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont reçu des menaces de mort en 2014. © AFP
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avec AFP
Les journalistes d'investigation Gérard Davet et Fabrice Lhomme avaient reçu des menaces de mort en 2014, après un article sur l'homme d'affaires corse Michel Tomi. 

Un homme, jugé pour des lettres de menaces de mort adressées en 2014 aux journalistes d'investigation du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, a été condamné mercredi à dix mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris. Le prévenu, 61 ans et absent à l'audience en raison de son "état de santé fragile" selon son avocat, devra également verser 3.500 euros de dommages et intérêts à chacun des deux journalistes.

Des menaces contre les familles des journalistes. Dans un courrier adressé à Gérard Davet le 7 août 2014, l'auteur faisait explicitement référence à un article co-écrit quelques mois plus tôt par les deux journalistes sur l'homme d'affaires corse Michel Tomi, et intitulé "La justice sur la piste du parrain des parrains". "Continue a raconté des connerie sur ton journal pourrie et on s'occuppe de vous tres tres bientôt Vive les corses et a bientot", signé "les amis de TOMY" (sic), pouvait-on ainsi lire sur cette lettre où figuraient également des insultes et des menaces contre l'épouse de Gérard Davet et ses enfants, dont les dates et lieux de naissance étaient mentionnés.

Le journaliste constatait que le libellé de l'adresse indiquée sur l'enveloppe était identique à son adresse fiscale. Les enquêteurs se sont alors intéressés au prévenu, agent dans un centre des impôts à Paris, qui avait consulté à plusieurs reprises le dossier de Gérard Davet la veille de l'envoi du courrier. Des expertises graphologiques et génétiques ont permis d'identifier formellement le prévenu, qui a toujours nié son implication, comme l'auteur du courrier.

Une feuille avec un cercueil dessiné dessus. Fabrice Lhomme avait lui été le destinataire d'une feuille, glissée sous son paillasson et retrouvée par son épouse, sur laquelle figurait un cercueil ainsi que les dates de naissance de sa femme et de ses deux enfants, telles que déclarées à l'administration fiscale.

En 2014, les deux journalistes avaient bénéficié d'une protection policière, levée à leur demande en 2016, et ne traitent plus depuis de l'actualité judiciaire. "Au-delà du plan professionnel, cette histoire a eu de lourdes conséquences sur nos vies familiales. Ma femme a été durablement traumatisée, elle ne s'en est toujours pas remise", a insisté Fabrice Lhomme. "La peine est exemplaire mais la grosse frustration c'est de n'avoir retrouvé que l'homme de main et pas son commanditaire", a-t-il ajouté.