Procès des meurtriers présumés d'Aurélie Fouquet : "c'est capital pour nous"

La mère d'Aurélie Fouquet, la policière municipale tuée en mai 2010, lors d'un projet de braquage.
La mère d'Aurélie Fouquet, la policière municipale tuée en mai 2010, lors d'un projet de braquage. © ALAIN JOCARD / AFP
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CB avec AFP , modifié à
Mardi s'est ouvert à Paris le procès du meurtre en 2010 de la jeune policière municipale Aurélie Fouquet. Huit hommes, dont le médiatique braqueur Redoine Faïd, comparaissent devant la cour d'assises.

C'est le début d'un procès long de 33 jours qui s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de Paris. Celui des meurtriers présumés de la policière municipale Aurélie Fouquet, fauchée en 2010 au terme d'une course-poursuite sanglante sur l'autoroute. A l'époque, ce fait divers sanglant avait eu un fort retentissement politique, Aurélie Fouquet étant la première policière municipale tuée dans l’exercice de ses fonctions. Six ans après le meurtre, neuf hommes sont jugés, dont l'un en son absence, Olivier Tracoulat qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis sa cavale. La première journée est consacrée au tirage au sort des jurés, à l'appel des témoins et, dans l'après-midi, à l'exposé des faits.

ESSENTIEL :

- Les neuf hommes vont être jugés jusqu'au 15 avril

- Ils encourent des peines allant de 3 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité

- Trois d'entre eux sont accusés directement du meurtre de la jeune femme de 26 ans

- Parmi les autres, qui répondent de crimes et délits associés, figure Redoine Faïd, pointure du banditisme en France.

La famille attend des réponses. Arrivant au Palais de Justice de Paris, la mère de la policière, Élisabeth Fouquet, a dit attendre des "réponses". "C'est capital, capital pour nous, pour son petit (garçon désormais âgé de six ans, ndlr), pour toute la famille", a dit cette menue dame rousse, à la voix douce. L'avocat des proches de la policière, Franck-Laurent Liénard, veut croire à un "moment de vérité" brisant la "loi du silence" qui a gouverné les accusés pendant l'enquête, selon une source proche du dossier.

Redoine Faïd "arrogant". A l'ouverture du procès, Redoine Faïd, dont le visage rond n'avoue pas ses 43 ans, a été le premier à décliner son identité. Serein, la tête haute, la chemise impeccable, il s'est présenté comme "attaché commercial". Un autre prévenu, Dada Daouda, s'est qualifié de "boxeur" et son voisin d'"auto-entrepreneur". Les huit prévenus présentent tous le même physique athlétique, le même crâne rasé. Des trentenaires et des quadragénaires bien ancrés dans la délinquance, dont certains sont fichés au grand-banditisme.

Face à eux : les automobilistes blessés et le collègue d'Aurélie Fouquet. A l'ouverture de l'audience, la mère d'Aurélie Fouquet a fixé très longuement du regard les accusés. A la sortie, elle a confié qu'elle était "choquée" par l'attitude de Redoine Faïd qu'elle a trouvé "arrogant, presque méprisant".

L'enjeu du procès : déterminer la responsabilité de Redoine Faïd. L'un des enjeux du procès sera de déterminer la part de responsabilité du braqueur multirécidiviste dans les événements qui ont conduit à la mort d'Aurélie Fouquet. Pour le parquet, Redoine Faïd est "l'organisateur" d'une véritable "opération de guerre", méticuleusement préparée, qui aurait dû mener au braquage d'un fourgon blindé.

Le plan a tourné court le 20 mai 2010 au matin lorsque des policiers ont tenté d'intercepter près de Paris un véhicule utilitaire portant ce qui ressemblait à deux impacts de balle. Pris en chasse sur l'autoroute, les occupants de la camionnette ont tiré à de multiples reprises sur leurs poursuivants, blessant des automobilistes. Puis, en fin de course, ils ont ouvert le feu à Villiers-sur-Marne sur un véhicule de police municipale. A son bord, Aurélie Fouquet est touchée mortellement à la tête. Des témoins parleront d'une véritable "exécution".

"Faire fi de l'émotion". L'avocat de Redoine Faïd, Christian Saint-Palais, a rappelé mardi que ce dernier, auteur en 2013 d'une spectaculaire évasion, avait toujours nié toute implication. L'homme, jugé pour "tentative de vol en bande organisée avec usage ou menace d'armes en état de récidive", est actuellement en détention. Il n'en risque pas moins, lui aussi, la réclusion criminelle à perpétuité.

Me Saint-Palais a appelé à "faire fi de l'émotion", et à prendre des distances avec la "réputation de son client". Le "caïd des cités" autoproclamé, affirmait en 2010 s'être repenti, dans une autobiographie médiatisée.