C'était un face-à-face intime et douloureux que la mère d'Alexia attendait pour obtenir des réponses. Vendredi, devant la cour d'assises de la Haute-Saône, Isabelle Fouillot a longuement échangé avec son gendre, Jonathann Daval. Celui qu'elle considérait comme son fils, et qui a tué sa fille. Elle n'en a rien obtenu.
"C'était quoi la finalité de la tuer ? Qu'elle se taise ?"
Appelée pour la dernière fois à la barre, Isabelle Fouillot refuse de croire que sa fille a été tuée pour "de simples mots", comme le soutient Jonathann. Lors d'un échange d'une rare intensité, elle a donc interpellé à travers la petite salle des assises son ancien gendre pour tenter de lui arracher d'ultimes explications.
"S'il te plait, lâche-toi Jonathann, tu sais que c'est la dernière fois que je te vois, j'ai besoin de savoir pourquoi", lui a-t-elle lancé. Face à elle, dans le box des accusés, Jonathann Daval oppose toujours la même réponse à celle qu'il appelait autrefois "maman", et qu'il continue d'appeler par son prénom. "Une dispute, Isabelle, faut me croire. La dispute de trop, les mots de trop, les reproches de trop."
"Ne me dis pas que tu l'as tuée pour quelques mots", poursuit-elle. "C'était quoi la finalité de la tuer ? Qu'elle se taise ? Là elle s'est tue. Tu es heureux, maintenant qu'elle s'est tue ? Elle s'est tue à jamais, moi non plus je ne l'entendrai plus. Je n'entendrai plus son rire, je n'entendrai plus sa voix. Quel gâchis, on n'avance pas Jonathann."
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"Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu"
Face à un Jonathann Daval demandant pardon "pour tout", mais ne lui apportant pas les réponses dont elle avait besoin, Isabelle Fouillot finit par lancer d'un ton glacial : "Ma foi, tant pis. Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu". Plus tard, interrogé sur ce qui l'attend au verdict et sur sa peine, Jonathann Daval déclare : "peu importe, je m'en fiche, je n'ai plus d'avenir."
La veille, ce dernier avait reconnu pour la première fois avoir sciemment "donné la mort" à son épouse en l'étranglant à l'issue, affirme-t-il, d'une violente dispute. Ce procès restera dans les annales pour son intensité, mais aussi pour le rôle central joué par la partie civile dans le prétoire comme devant les caméras.
Le verdict sera rendu samedi. "Il faut que j'arrête de me torturer l'esprit, je n'aurai pas la vérité", a affirmé la mère d'Alexia à la sortie de l'audience. "Maintenant, qu'il passe le plus de temps en prison, c'est tout ce que je demande".