Attentats de Paris et Bruxelles : quel rôle ont vraiment joué les frères El Bakraoui ?

© Interpol/AFP
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Le dernier numéro de la revue de l'Etat islamique affirme qu'Ibrahim et Khalid El Bakraoui sont à l'origine des attentats de Paris et Bruxelles. 

"Tout a commencé avec ces frères". "Tout", ce sont les attentats de Paris et Bruxelles. Selon les dernières affirmations de l'Etat islamique (EI) dans sa revue de propagande, Dabiq, publiée mercredi, Ibrahim et Khalid El Bakraoui, kamikazes morts lors des attentats dans la capitale belge,  le 22 mars dernier, sont à l'origine de cette attaque mais aussi de celles de Paris. 

A l'origine de "tous les préparatifs". Dans le numéro 14 de Dabiq, l'EI rend un hommage postmortem aux deux Belges de 27 et 29 ans. Et écrit, au sujet de Khalid El Bakraoui, qui s'est fait exploser à la station de métro Maelbeek : "Tous les préparatifs pour les raids de Paris et de Bruxelles ont commencé avec lui et son frère aîné Ibrahim". Ce dernier a actionné ses explosifs dans le hall des départs de l'aéroport de Bruxelles, à Zaventem. Si l'on savait qu'une seule et même cellule terroriste franco-belge est à l'origine des attaques du 13 novembre et du 22 mars, cette déclaration de l'Etat islamique place les frères El Bakraoui au cœur de leur perpétration.

Ibrahim et Khalid El Bakraoui ont-ils joué un rôle si important dans les attaques du 13 novembre que le laisse entendre l'EI ? On sait que Khalid El Bakraoui a loué sous une fausse identité belge deux planques ayant servi aux commandos du 13 novembre puis à Salah Abdeslam lors de sa cavale, à Charleroi et Forest. C'est depuis cet appartement de Charleroi que les convois des terroristes ayant perpétré les attaques parisiennes étaient partis, la veille. 

Protéger les suspects arrêtés ? Quel crédit peut-on accorder à ces récentes déclarations de l'organisation terroriste, qui espère peut-être brouiller les pistes ou minimiser l'implication de certains suspects désormais interpellés ? Dans le Figaro, Romain Caillet, spécialiste de la mouvance djihadiste, nuance : "C'est une hypothèse, mais leur donner une telle importance est peut-être une stratégie pour minimiser le rôle de ceux qui ont été arrêtés, alléger leur fardeau".

Récemment interpellés, Salah Abdeslam (le 18 mars dernier) et Mohamed Abrini (le 8 avril dernier) sont deux suspects clefs dans les attaques du 13 novembre, et dont les enquêteurs attendent beaucoup. Les deux copains de Molenbeek, en particulier Salah Abdeslam, détiennent les réponses à de nombreuses questions autour de la préparation des attentats.

Le classique éloge mortuaire. Une façon aussi d'ériger ces deux frères morts en "martyr" au rang de héros. Les deux truands belges s'étaient radicalisés lors de leur séjour en prison, après avoir eu "la révélation" et décidé de "vivre pour la religion", selon leur biographie dans Dabiq. Juste avant de se donner la mort en se faisant exploser, ils avaient déposé un ordinateur contenant leur testament audio près d'une poubelle, avait révélé TF1.

Selon les informations d'Europe 1, cet ordinateur a bien été jeté intentionnellement, car il devait être récupéré par quelqu’un et transmis à un avocat. Dans ce testament, Ibrahim El Bakraoui disait "être dans la précipitation", "recherché de partout" et "ne plus savoir quoi faire", selon le procureur belge. Si le message faisait référence à Salah Abdeslam, disant ne pas vouloir "terminer dans une cellule", il est loin de ceux habituellement très codifiés de l’organisation Etat islamique. 

Najim Laachraoui, "l'artificier du groupe". Concernant les déclarations qui affirment que Najim Laachraoui était bien "l'artificier du groupe", les éléments de l'enquête allaient déjà en ce sens. Ayant rejoint l'Etat islamique en 2013, ce diplômé en électronique à haut potentiel intellectuel et que Dabid qualifie "d'homme unique", était connu sous son nom de guerre Abou Idriss. Il "a préparé les explosifs pour les deux raids de Paris et de Bruxelles", écrit Dabiq. Son ADN a été retrouvé par les enquêteurs dans les planques belges utilisées par les commandos du 13 novembre, et ses empreintes digitales sur les explosifs ayant servi aux kamikazes du Stade de France et du Bataclan.

Connu sous la fausse identité de Soufiane Kayal, le jeune homme de 23 ans avait été contrôlé avec Salah Abdeslam à la frontière austro-hongroise, en septembre dernier. Il est notamment soupçonné d'avoir eu un rôle de logisticien et d'avoir piloté à distance les opérations terroristes parisiennes, depuis la Belgique, avec Mohamed Belkaïd. Cet Algérien de 35 ans, alias Samir Bouzid, a été tué par la police lors de la perquisition de Forest ayant précipité l'arrestation de Salah Abdeslam. Mohamed Belkaïd et Najim Laachraoui apparaissent d'ailleurs dans un photo-montage publié dans le dernier Dabiq, l'un brandissant un couteau ensanglanté, l'autre une arme de guerre.