Attentats de Bruxelles : qui sont les frères El Bakraoui ?

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Khalid et Ibrahim El Bakraoui sont deux des auteurs des attentats kamikazes de Bruxelles. © Interpol/AFP
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Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
Khalid et Ibrahim El Bakraoui, liés aux attentats de Paris, ont été identifiés comme faisant partie des auteurs des attaques ayant frappé Bruxelles, mardi. 

Khalid et Ibrahim El Bakraoui ont été identifiés comme faisant partie des auteurs des deux attaques qui ont frappé Bruxelles, mardi. Cette identification officielle des frères El Bakraoui permet d'établir un lien entre le réseau à l'origine des attentats de Paris et ceux de Bruxelles, les plus meurtriers jamais commis dans les deux capitales respectives. 

  • Quel rôle ont-ils joué dans la double attaque terroriste à Bruxelles ? 

Ibrahim, à l'aéroport. Les frères El Bakraoui ont tous deux été identifiés grâce à leurs "empreintes", a indiqué le procureur belge. Ibrahim El Bakraoui, né le 9 octobre 1986, à Bruxelles, est l'un des deux kamikazes de l'attentat à l'aéroport Bruxelles-National, a affirmé le magistrat, confirmant des informations des médias belges.

Un ordinateur contenant son testament audio a été découvert dans une poubelle, a-t-il indiqué, comme l'avait révélé TF1. Selon les informations d'Europe 1, cet ordinateur n’a pas été jeté mais déposé intentionnellement près d’une poubelle car il devait être récupéré par quelqu’un et transmis à un avocat. Dans son testament, le Belge de 29 ans dit "être dans la précipitation", "être recherché de partout" et "ne plus savoir quoi faire", a cité le procureur belge. Aucune mention n'est faite de l'Etat islamique, mais il vraisemblablement fait état de la capture d'Abdeslam, puisqu'Ibrahim El Bakraoui dit ne pas vouloir "terminer dans une cellule" au coté de "lui".  

Sur une photo issue des caméras de vidéosurveillance de l'aéroport international, peu avant la double explosion, on voit Ibrahim El Bakraoui apparaître. Il se trouve au milieu de cette capture d'écran, diffusée d'abord par les médias belges, puis par la police, mardi.

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© AFP / INTERPOL

Cheveux et pull noirs, main gauche gantée - probablement pour cacher un détonateur, selon des médias belges -, il est entouré par deux individus. Celui sur la gauche de l'image, le deuxième kamikaze, a été identifié comme étant Najim Laachraoui, ont indiqué des sources policières mercredi soir. Selon Le Monde, cet homme recherché dans l'enquête sur les attentats de Paris a été identifié grâce à son ADN. Celui-ci avait déjà été retrouvé dans plusieurs planques utilisées par les commandos du 13 novembre, ainsi que sur du matériel explosif employé lors des attaques de Paris.

Quant au troisième homme sur la droite de la photo, vêtu d'une veste claire et d'un bob sombre, il a pris la fuite et est "activement recherché". "Il a déposé un grand sac puis est parti avant les explosions", a précisé le magistrat, qui a ajouté que "son sac contenait la charge explosive la plus importante".

Khalid, à la station Maelbeek. En ce qui concerne l'explosion s'étant produite dans "la deuxième rame d'un métro", au niveau de la station Maelbeek, c'est le cadet Khalid El Bakraoui, né le 12 janvier 1989, qui a été identifié "comme le kamikaze" à l'origine de celle-ci, a annoncé Frédéric Van Leeuw. 

  • Quel est leur parcours ? 

Agés de 27 et 29 ans, Khalid et Ibrahim El Bakraoui ont le profil de délinquants de droit commun, bien connus de la justice belge. Mais, s'ils avaient de "lourds antécédents judiciaires", selon les termes du procureur, ils étaient jusqu'à présent connus pour des faits de grand banditisme et non de terrorisme. Tous deux ont déjà été condamnés pour des braquages et vols avec violence. Le plus jeune, Khalid, aurait été arrêté en possession de kalachnikovs en 2011 et avait été condamné à cinq ans de prison pour des "car-jackings", selon le site belge 7sur7.

L'aîné, quant à lui, avait été condamné à neuf ans de prison, en octobre 2010, pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov lors d'un braquage, toujours selon le site belge. Il avait pu être libéré à la moitié de sa peine, sous conditions. Des conditions très souples, puisqu'il avait le droit de voyager un mois à l’étranger. Mais en juin dernier, Ibrahim El Bakraoui ne s’était pas présenté à son rendez-vous mensuel avec la justice belge. Le trentenaire était alors dans la ville turque de Gaziantep, près de la frontière avec la Syrie, où il a été arrêté. Le 14 juillet 2015, la Turquie l'a expulsé de son territoire. Elle affirme l'avoir renvoyé en Belgique en mettant en garde les autorités, mais celles-ci démentent cette version, et disent qu'il a été expulsé aux Pays-Bas.

  • Un duo en lien avec la cellule des attentats de Paris

Les deux frères sont soupçonnés d'être en lien avec les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts, le 13 novembre dernier. En effet, comme l'avait révélé la semaine dernière La Dernière Heure, le cadet Khalid est suspecté par les enquêteurs d'avoir loué, avec un faux nom, une planque à Charleroi, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bruxelles. C'est depuis cet endroit que sont partis certains des commandos des attaques du 13 novembre, juste avant de les commettre.

Une planque à Charleroi. "L’appartement de Charleroi a été loué sous la fausse identité d'Ibrahim Maaroufi, le 3 septembre 2015, pour une durée d’un an", avait indiqué le parquet fédéral belge, dans un communiqué le 13 janvier dernier. Une perquisition menée sur place le 9 décembre avait permis "la découverte de matelas ainsi que d’empreintes digitales de Bilal Hadfi", l'un des kamikazes du Stade de France, "et d'Abdelhamid Abaaoud", chef opérationnel présumé des attentats.

Jeudi, le parquet fédéral belge a dévoilé que le cadet El Bakraoui faisait d'ailleurs l'objet, depuis le 11 décembre, de mandats d'arrêt européen et international pour avoir loué, sous cette fausse identité belge, l'appartement à Charleroi. 

Une autre planque à Forest, en banlieue bruxelloise. Khalid El Bakraoui aurait également loué, toujours sous une fausse identité, une planque ayant servi à Salah Abdeslam. Dans cet appartement, situé rue du Dries, dans la commune bruxelloise de Forest, des empreintes digitales du suspect clef des attentats du 13 novembre ont été retrouvées par les enquêteurs. 

Le 15 mars dernier, alors qu'une équipe composée de quatre policiers belges et deux français s'apprêtait à accomplir une banale perquisition dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris et Saint-Denis, au moins deux individus avaient immédiatement ouvert le feu sur les forces de l'ordre à l'aide d'un fusil Riot gun et d'une kalachnikov.

L'un des suspects, Mohamed Belkaïd, avait alors été abattu. Deux autres hommes avaient pris la fuite, dont un que l'on soupçonnait d'être Salah Abdeslam, arrêté trois jours plus tard dans le quartier populaire de Molenbeek.