Paris et Bruxelles, une seule équipe de djihadistes

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C.P.-R. avec AFP , modifié à
RAPPEL - Quatre mois après les attaques du 13 novembre, la filière franco-belge impliquée dans les attentats de Paris et Bruxelles paraît plus vaste que prévue. Quels sont les visages de ce réseau complexe ?

"Plus d'une trentaine de personnes a été identifiée comme étant liée aux attentats de Paris", a annoncé Manuel Valls, mercredi matin, à l'antenne d'Europe 1. Parmi elles, les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, dont on a appris, mercredi à la mi-journée, qu'ils avaient été identifiés parmi les auteurs des attaques kamikazes de Bruxelles. En effet, ils sont soupçonnés d'avoir loué sous une fausse identité des planques ayant servi aux terroristes du 13 novembre. Les attentats de Paris, le 13 novembre 2015, et ceux de Bruxelles, le 22 mars 2016, ont donc été organisé et perpétré par la même cellule. Rappel sur les protagonistes constituant ce complexe réseau franco-belge.

Les commandos du 13 novembre 

Il y a d'abord les neuf terroristes ayant fait partie des trois commandos à l'œuvre dans les attaques simultanées à Paris et Saint-Denis, le 13 novembre au soir. Tous ont trouvé la mort.

LES TERRASSES. A eux trois, ils ont fait 39 victimes, en tirant sur les terrasses des cafés et restaurants des 10e et 11e arrondissements de la capitale française.

Abdelhamid Abaaoud >> Figure des djihadistes francophones du groupe État islamique (EI), ce Belgo-Marocain de 28 ans est présenté comme le chef opérationnel présumé des tueries. Il est mort dans l'assaut policier du 18 novembre contre un appartement de Saint-Denis, où il avait trouvé refuge, grâce à l'aide de sa cousine Hasna Aïtboulhacen, elle aussi décédée lors de l'assaut.

Chakib Akrouh >>Ce Belgo-Marocain, 25 ans, parti en Syrie en 2013, s'est fait exploser lors de l'assaut à Saint-Denis.

Brahim Abdeslam >> Français résidant en Belgique, il s'est fait exploser en terrasse du bistrot le "Comptoir Voltaire", près de la place de la Nation. Agé de 31 ans, c'était le frère de Salah Abdeslam, suspect clef des attentats ayant été arrêté vendredi dernier, à Molenbeek, après quatre mois de traque. 

LE BATACLAN.Portant des ceintures explosives, armés de kalachnikovs, ces trois Français ont tué pas moins de 90 personnes venues voir le concert du groupe Eagles of Death Metal dans cette salle de spectacles. Ils sont morts sur place.

Samy Amimour >> Originaire de Drancy, en Seine-Saint-Denis, ce jeune homme de 28 ans avait rejoint la Syrie en 2013. Son père de 67 ans avait tenté jusqu'au bout de le ramener en France, allant même jusqu'à se rendre trois semaines en Syrie au printemps 2014. 

Omar Ismaïl Mostefaï >> Né en banlieue parisienne, cet ancien petit délinquant de presque 30 ans était fiché pour radicalisation depuis 2010. Ce Français d'origine algérienne a aussi séjourné en Syrie.

Foued Mohamed-Aggad >> Agé de 23 ans, il avait d'abord essayé de devenir... policier ou militaire. Originaire de Wissembourg, à 60 km de Strasbourg, il était parti avec un groupe d'amis strasbourgeois partis en Syrie, et bien connus des services. 

LE STADE DE FRANCE.Trois kamikazes se font exploser aux abords du stade, faisant un mort. 

Deux hommes aux faux passeports syriens >> Présentés comme irakiens par l'EI, on ne connaît toujours pas la véritable identité de ces deux terroristes ayant frappé près du Stade de France.

Bilal Hadfi >> Agé de 20 ans, ce Français résidant en Belgique s'était rendu en Syrie. Ses empreintes ont notamment été retrouvées par les enquêteurs belges dans l'une des planques, à Charleroi, que Khalid EL Bakraoui est soupçonné d'avoir loué sous un faux nom.  

 

Le double attentat de Bruxelles

Les trois kamikazes des attentats de Bruxelles, qui ont fait au moins 31 morts et 270 blessés, ont été identifiés mercredi, au lendemain des attaques. Tous étaient recherchés dans le cadre de l'enquête sur les attaques terroristes du 13 novembre. En particulier, Najim Laachraoui, l'un des artificiers présumés des attentats parisiens.

Ibrahim et Khalid El Bakraoui >> Ces deux frères constituent le premier lien avéré entre les tueries de Bruxelles et Paris. Agés de 29 et 27 ans, ils ont été identifiés comme deux des auteurs des attentats qui ont fait mardi au moins 31 morts dans la capitale belge : Ibrahim à l'aéroport de Bruxelles, Khalid s'est fait exploser à la station de métro de Maelbeek.

Khalid El Bakraoui est soupçonné par les enquêteurs d'avoir loué (sous un faux nom belge) une planque à Charleroi utilisée par les terroristes des attentats de Paris, juste avant de les commettre. Jeudi, le parquet fédéral belge a confirmé que deux mandats d'arrêt - européen et international - avaient été lancés contre lui, le 11 décembre 2015, sur la base de ses soupçons. Le cadet El Bakraoui est aussi suspecté d'avoir loué (toujours sous une fausse identité) l'appartement de Forest où s'était réfugié Salah Abdeslam durant sa cavale, et dont la perquisition le 15 mars dernier avait accéléré sa capture. 

Najim Laachraoui alias Soufiane Kayal >> Le second kamikaze de l'aéroport a été identifié comme étant Najim Laachraoui, ont indiqué des sources policières mercredi soir. Selon Le Monde, cet homme recherché dans l'enquête sur les attentats de Paris a été identifié grâce à son empreinte ADN. Celle-ci avait déjà été retrouvée dans plusieurs planques utilisées par les commandos du 13 novembre, ainsi que sur du matériel explosif employé lors des attaques parisiennes.

A 24 ans, il en effet est soupçonné d'être l'un des artificiers et coordinateurs présumés des attentats parisiens. Cet homme a fort potentiel intellectuel était activement recherché par les enquêteurs, qui pensent notamment qu'il aurait été en liaison avec certains assaillants le soir des attentats. En septembre dernier, il avait été contrôlé avec de faux papiers au nom de Soufiane Kayal à la frontière austro-hongroise, en compagnie notamment de Salah Abdeslam.    

 

Salah Abdeslam, fugitif durant quatre mois

C'est le seul survivant des commandos du 13 novembre. Salah Abdeslam, frère de Brahim, a été arrêté le vendredi 18 mars dans la commune bruxelloise de Molenbeek, présentée comme un vivier de djihadistes. Logisticien présumé des attentats de Paris, le Français de 26 ans est notamment soupçonné d'avoir convoyé les trois kamikazes du Stade de France et a affirmé aux enquêteurs belges qu'il voulait s'y faire exploser aussi, avant de faire "machine arrière". Proche d'Abdelhamid Abaaoud, il avait déclaré en février 2015 aux enquêteurs : "C'est un chouette gars, je le connais depuis plus de dix ans", rapporte Libération. Durant quatre mois, Salah Abdeslam est parvenu à échapper aux enquêteurs. Il a notamment bénéficié de complicités de la part de ses proches.

Mohamed Amri et Hamza Attou >>Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam, jusqu'à la périphérie de Bruxelles, quelques heures après les attentats, en allant le récupérer à Paris en voiture. Ils ont été interpellés à Molenbeek, le 14 novembre. 

Ali Oulkadi >> Il aurait pris le relais des deux complices, et avant de conduire ensuite Salah Abdeslam de Laeken à Schaerbeek, le lendemain des attentats. Il a également été interpellé.

Abid Aberkan >> Proche de Salah Abdeslam, il est suspecté de l'avoir aidé à se cacher, en lui proposant de se réfugier dans la cave de l’appartement de sa mère, rue des Quatre-Vents, à Molenbeek. Abid Aberkan a d'ailleurs été interpellé avec lui, sur les lieux. Il avait été repéré la veille, lors de l'enterrement du frère de Salah, Brahim, au cimetière multiconfessionnel d’Evere. Une cérémonie qui avait été suivie attentivement par les enquêteurs pour remonter la trace de l'ennemi public n°1. 

Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid >> Il a été tué lors de la perquisition à Forest, le 15 mars dernier, qui a accéléré l'arrestation de Salah Abdeslam. Cet Algérien né en 1980 aurait apporté un soutien logistique à Abdelhamid Abaaoud, sous le faux nom de Samir Bouzid, et est également soupçonné d'avoir été en contact avec des assaillants, le 13 novembre. 

 

Les autres complices et soutiens présumés 

Ahmed Dahmani >>Ce Belge d'origine marocaine a été interpellé en Turquie, alors qu'il se préparait probablement à passer en Syrie. Il est soupçonné d'avoir aidé à repérer des cibles pour les attentats.               

Gelel Attard >> Soupçonné d'être "lié directement" aux auteurs des attaques, il se serait rendu en Syrie avec un kamikaze du Stade de France. Il a été arrêté au Maroc. 

 

Les hommes encore activement recherchés                                             

Mohamed Abrini >> Ce Belgo-Marocain de 31 ans est un petit délinquant radicalisé de Molenbeek. Il a été repéré en compagnie de Salah Abdeslam dans une voiture du convoi qui a emmené les assaillants de la Belgique vers la région parisienne, le 12 novembre. Mohamed Abrini est un proche de Salah et Brahim Abdeslam. "Je ne le connais pas personnellement, mais je l’ai déjà vu car il fait partie de mon voisinage. Je l’ai vu avec mon frère", avait rapporté leur autre frère, Mohamed Abdeslam, sur RTL.

Deux suspects des attentats de Bruxelles >> Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui ont été identifiés comme les deux kamikazes de l'aéroport international, par leurs empreintes - papillaires pour le premier, ADN pour le second. Mais le troisième homme présent sur la droite de l'image issue de la vidéosurveillance de l'aéroport de Bruxelles-National, où une double explosion a eu lieu mardi matin, a pris la fuite "après avoir déposé son gros sac" dans le hall des départs. La bombe à l'intérieur de celui-ci n'a pas explosé. Il est activement recherché par la police fédérale belge, qui a lancé un appel à témoins. 

D'autre part, selon des informations du Monde jeudi matin, confirmées ensuite par des sources policières, un deuxième suspect - qui aurait accompagné Khalid El Bakraoui, avant qu'il se fasse exploser à la station de métro Maelbeek - est également recherché par la police fédérale belge.