Attentat en Isère : qui est Yassin Salhi, le suspect interpellé ?

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© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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VDM et GV avec Jean-Luc Boujon et le service police justice d'Europe 1 , modifié à
PORTRAIT - Yassin Salhi, le suspect de l’attentat commis vendredi à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, avait fait l'objet d'une "fiche S" mais n'avait pas de casier judiciaire.
ENQUÊTE

Un attentat a été commis vendredi peu avant 10 heures, dans la petite commune de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. Un homme s'est introduit sur le site de l’usine Air Products à bord d’une camionnette de livraison. Une personne a été décapitée. L'identité du suspect - Yassin Salhi - a été dévoilée par le ministère de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

• Que s'est-il passé ?

Le suspect s'est présenté vers 9h30 devant le site classé Seveso. Yassin Salhi a pu pénétrer à l'intérieur car "il avait l'habitude de rentrer dans l'usine pour effectuer des livraisons" et était ainsi connu du personnel, qui lui a ouvert la porte, a précisé François Molins, le procureur de la République de Paris, lors d'un point presse vendredi soir.

Une fois à l'intérieur du site, il aurait projeté le véhicule contre les bouteilles de gaz, provoquant une explosion et un incendie. Selon nos informations, le suspect était encore conscient après cette première explosion et aurait tenté d'ouvrir à la main d'autres bonbonnes de gaz pour en déclencher une nouvelle. Mais le suspect a été arrêté à temps par deux pompiers, qui sont parvenus à le maîtriser avant de le livrer ensuite aux gendarmes. C'est à ce moment qu'il aurait été ceinturé par l'un des pompiers et aurait crié "Allahu Akbar".

• Fiché en 2006, pas de casier judiciaire
L'homme arrêté, Yassin Salhi, est né d'un père d'origine algérienne et d'une mère d'origine marocaine en mars 1980 à Pontarlier, en Franche-Comté. Marié et père de trois enfants (âgés de 4, 8 et 10 ans), il avait fait l'objet entre 2006 et 2008 d'une fiche "S" (pour Sûreté de l'Etat), de la part des services de renseignement pour "radicalisation", a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, vendredi matin. Mais "en 2008, cette fiche n'a pas été renouvelée". Cet individu, qui n'avait pas de casier judiciaire, avait de nouveau attiré "ponctuellement" l'attention des services, entre 2011 et 2014, "pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise", a indiqué de son côté François Molins.

Selon l'un des proches de Yassin Sahli interrogé par Europe 1, l'homme s'était radicalisé. En 2013, il réapparait dans les radars des services spécialisés, cette fois-ci à Besançon : installé dans le quartier de Planoise, il aurait alors fréquenté un groupe présumé radical, se serait fait pousser la barbe et aurait coupé les ponts avec plusieurs de ses amis. C'est à la même période que son épouse aurait arrêté de travailler. Cette dernière a été placée en garde à vue, vendredi après-midi, à l'issue d'une intervention du Raid au domicile du suspect, à Saint-Priest, ville ouvrière de la banlieue lyonnaise.

• La victime, employeur du suspect

L'homme retrouvé décapité sur le site de la société américaine Air Products était l'employeur du suspect. Chef d'entreprise à Chassieu, dans la banlieue de Lyon, il allait avoir 55 ans dans deux jours. Il avait engagé Yassin Salhi comme livreur en mars dernier, a indiqué le procureur François Molins, vendredi soir.

• Installé dans la région lyonnaise depuis fin 2014

Selon les informations d'Europe 1, Yassin Salhi et sa famille ont déménagé au premier étage d'un immeuble HLM de Saint-Priest il y a six mois. Auparavant, le couple et ses enfants vivaient à Besançon, dans le Doubs, où ils s'étaient installés depuis 2011 après avoir quitté Pontarlier, ville située à une soixantaine de kilomètres.

La famille est décrite par son voisinage comme très discrète et sans histoire. Seul détail apparent : il avait tous les attributs d'une personne investie dans la religion. "Cela se voyait sur lui qu'il était musulman : à sa barbe et à la trace de la prière sur le front", a témoigné une voisine au micro d'Europe 1. Une autre voisine va plus loin. "C'était un homme très musulman, il ne disait bonjour qu'à mon père. Moi, il ne me disait pas bonjour", affirme-t-elle.

• Blessé à la tête et totalement mutique

Selon les informations recueillies par Europe 1, Yassin Salhi aurait été blessé à la tête pendant l’attaque. D’après le ministère de l’Intérieur, il ne dit absolument rien. "C'est classique pour tous les gens qui s'attendent à être arrêtés", précise sur Europe 1 Alain Rodier, directeur de recherche chargé du terrorisme au Centre de recherche sur le renseignement. "Ils ont suivi les petits manuels 'comment se comporter en garde à vue' et ils les respectent scrupuleusement". 

• La surprise de sa compagne, à son tour interpellée

"Moi j'ai le cœur qui va s'arrêter" a réagi la compagne de Yassin Salhi, dans un  entretien exclusif à Europe 1. Un témoignage recueilli avant son interpellation par la police, près de Lyon, et sa mise en garde à vue.

"Je le connais c'est mon mari. On a une vie de famille normale. Il part au travail, il rentre", explique-t-elle. "Nous sommes des musulmans normaux. On fait le ramadan. On a trois enfants et une vie de famille normale", a aussi dit la jeune femme.


Attentat en Isère : la compagne du suspect...par Europe1fr

Cette dernière a été placée en garde à vue, tout comme la sœur du suspect et un autre individu, a indiqué François Molins vendredi soir.