Attentat de la rue des Rosiers : "C'est une plaie qui reste ouverte"

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Manuel Hezkia a perdu son père, André, dans l'attentat de la rue des Rosiers, le 9 août 1982. Il s'est confié à Europe 1 après l'arrestation, que l'on a apprise mercredi, du "cerveau" présumé de l'attentat, le 1er juin, en Jordanie. 
INTERVIEW

"Je me suis dit : 'Enfin!' Après 33 ans, [...] enfin, une bonne nouvelle", s'est réjoui Manuel Hezkia interviewé par Thomas Sotto sur Europe 1, après que l'un des suspects dans l'enquête sur l'attentat de la rue des Rosiers à Paris, a été interpellé en Jordanie. Mercredi, on a en effet appris l'arrestation du "cerveau" présumé de l'attentat, Zouhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi alias "Amjad Atta", arrêté le 1er juin. La justice jordanienne doit désormais se prononcer sur son extradition.

"C'est très très positif" a poursuivi cet homme ayant perdu son père dans l'attaque terroriste du restaurant Jo Goldenberg, situé dans le quartier parisien du Marais qui abrite une importante communauté juive.

Cette arrestation, "un signe fort". Pour cet enfant de victime, même près de 33 ans après les faits, "il n'est jamais trop tard". "Pour moi, c'est un signe fort qui montre qu'on va jusqu'au bout", a-t-il insisté, soulignant : "Quoi qu'il arrive, même dix ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans après, s'ils sont toujours vivants, ils ne sont pas à l'abri, on peut toujours les avoir et les juger. [...] C'est important". En février dernier, le juge d'instruction Marc Trévidic avait délivré un mandat d'arrêt à diffusion internationale visant trois suspects du commando terroriste et anciens membres d'Abou Nidal, dont Amjad Atta. 

"Il faut aller jusqu'au bout. Il ne faut pas de repos. [...] Les victimes, elles, elles ont pris perpète", a-t-il ajouté, déterminé et ravi de cette nouvelle avancée dans l'enquête sur l'attentat. "Je suis fier de la justice et de la police de mon pays. Vous avez des gens qui ne renoncent pas, et ça c'est un signal extraordinaire", a-t-il déclaré.

"J'y pense tous les jours". Manuel Hetzkia se souvient parfaitement de ce qu'il faisait le jour de l'attentat : il emmenait sa voiture en réparation lorsqu'il a appris la nouvelle de l'attaque à la radio. A l'époque, il avait 23 ans. "On a foncé à Paris et puis on est arrivés là-bas. Et là, c'était le choc, ils étaient encore en train de nettoyer le sang à la serpillière", se souvient-il.

Aujourd'hui, confie-t-il ému, "l'un de mes grands regrets, c'est que mon père n'ait pas connu mes petits enfants. [...] J'y pense tous les jours depuis 1982. C'est une plaie qui reste ouverte et qui restera ouverte jusqu'à la fin de mes jours".