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Maxime Dewilder , modifié à
La Cour d'appel de Paris a annulé la garde à vue datant de 1984 de Murielle Bolle. Cette dernière est l'une des protagonistes de l'affaire Grégory, du nom de cet enfant de 4 ans retrouvé mort, pieds et poings liés, sur les rives d'un fleuve dans les Vosges. Le colonel Etienne Sesmat, qui a supervisé l'enquête initiale, était sur Europe 1 jeudi.
INTERVIEW

L'affaire Grégory a connu jeudi un nouveau rebondissement. La garde à vue datant de 1984 de l'une des principales protagonistes de cette affaire, Murielle Bolle, a été annulée par la Cour d'appel de Paris. Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, était retrouvé mort, attaché, sur les rives de la Vologne, dans les Vosges. Murielle Bolle avait accusé son beau-frère, Bernard Laroche, d'avoir kidnappé et tué Grégory, avant de se rétracter. L'annulation de la garde à vue de 1984 de Murielle Bolle "ne change absolument rien" au dossier, a expliqué sur Europe 1 l'avocat des parents du petit Grégory, maître François Saint-Pierre.

Ce que confirme le colonel Etienne Sesmat, ancien capitaine de Gendarmerie d’Epinal, qui a supervisé l’enquête initiale dans l’affaire du petit Grégory Villemin en 1984 et qui était l'invité du Grand journal du soir, jeudi sur Europe 1.

"Il ne faut pas dire que cette affaire est une énigme absolue"

Le fait que le dossier se voie amputé de cette garde à vue réduit-il encore les chances de trouver le meurtrier du petit Grégory, plus de 35 ans après les faits ? Pas du tout, selon le colonel Etienne Sesmat. "Il ne faut pas dire que cette affaire est une énigme absolue, que l’on ne sait rien et que l’on est loin de la vérité. Il y a beaucoup de choses dans ce dossier et des prises de position faites par la justice notamment en 1993 qui sont toujours là, qui sont étayées et fortes. Aujourd’hui, les magistrats de Dijon continuent leur travail avec de nouveaux éléments fournis par la gendarmerie", assure-t-il.

La difficulté, pour les magistrats, est d'enquêter alors que l'un des principaux acteurs de cette affaire, Bernard Laroche, est mort. Ce dernier a été abattu en 1985 par Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, qui était convaincu de la culpabilité de Bernard Laroche, son propre cousin. Cette conviction, Jean-Marie Villemin la tenait des aveux de Murielle Bolle au sujet de son beau-frère, le même Bernard Laroche, avant le début officiel de la garde à vue de 1984 et qui a été annulée jeudi.

Murielle Bolle s'était par la suite rétractée, tentant de disculper son beau-frère. "Le dossier n’est pas vide, il n’est pas incohérent", martèle le colonel Sesmat. L'annulation "va très peu changer les choses", dit-il car, "heureusement, les magistrats ont pris le soin de conserver toutes les dépositions, toutes les déclarations, toutes les révélations qu’elle a faites avant d’être placée en garde à vue".

"35 ans après, il y a encore des gens qui peuvent parler"

La Cour d'appel de Paris "a maintenu au dossier les dépositions antérieures de Murielle Bolle. Or, c’est dans ces dépositions que Murielle Bolle a livré l’intégralité du récit de l’enlèvement de Grégory par Bernard Laroche", précise l'avocat de la famille Villemin.

Plus de 35 ans après les faits, ce fait divers au retentissement national reste en partie mystérieux. Alors peut-on encore retrouver le coupable ? "Oui, il y a encore des éléments qui peuvent être creusés. 35 ans après, il y a encore des gens qui peuvent parler, des aveux qui peuvent être faits. On est dans un cercle familial très proche, très fermé. Il y a potentiellement une trentaine de personnes concernées. Certaines sont décédées mais d’autres sont encore en vie. Parmi ceux-là, il y a toujours de l’espoir pour que les langues se délient" répond le colonel Etienne Sesmat.