Une erreur de saisie à l'origine de l'évasion de Nantes

Le CHU de Nantes.
Le CHU de Nantes. © MAXPPP
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Marc-Antoine Bindler ave Pierre de Cossette et AFP , modifié à
POLÉMIQUE - Le détenu, condamné à plusieurs reprises, était "particulièrement signalé". Mais sa surveillance aurait été allégée à cause d'une erreur.

L'INFO. Il s'est fait la belle en jouant du cutter. Un détenu du centre pénitentiaire de Nantes a profité d'une extraction médicale au CHU de la ville, mercredi en milieu de matinée, pour s'évader. Déterminé, l'homme a blessé les trois gardiens qui l'accompagnaient avant de se volatiliser.  Une évasion qui suscite la colère des surveillants pénitentiaires, d'autant que le détenu, au lourd passé judiciaire , était "particulièrement signalé".

Condamné à maintes reprises. Stéphane G., 27 ans, né à Nancy, est en fait bien connu de la justice bretonne. En 2012, l'homme avait été condamné à 10 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Finistère pour une tentative d'assassinat. Une décision dont il a fait appel. Plus récemment, le fugitif a été mis en examen pour avoir poignardé un codétenu en plein couloir de la prison de Rennes. Ce sont là ses deux "faits d'armes" majeurs. Mais selon nos informations, outre ces deux dossiers, Stéphane G. a été condamné à quatre reprises. Il a notamment écopé d'une peine de deux ans ferme pour vols aggravés. Depuis peu, il était également mis en examen dans une affaire de vol en bande organisée.

Un dispositif de sécurité allégé… Joint par Europe 1, un avocat qui a côtoyé le fugitif évoque un homme impulsif qui ne supporte pas qu'on lui mette les menottes et dont chaque extraction de prison se passait mal. Mercredi matin, le fourgon qui l'emmenait vers l'hôpital pour des examens de la cheville n'était pas escorté par des policiers. Et pour cause, le dispositif de sécurité qui l'entoure avait été allégé depuis le 24 juin et le début de sa détention à Nantes.

… à cause "d'une erreur de saisie" ? Pourquoi une telle mesure ?  A cause d'une "erreur de saisie" lors de son arrivée affirmait mercredi soir le délégué régional du syndicat pénitentiaire  Ufap-Unsa Yann Hervé. "Il s'est avéré que le niveau d'escorte était décidé de niveau 3,  ce qui correspond au niveau minimal pour un accompagnement par les forces de l'ordre en plus de l'escorte pénitentiaire", a-t-il relaté. Mais "lors de son affectation par la suite en bâtiment il est fait état, sans aucune raison apparente, d'un niveau d'escorte 2 qui là, du coup, n'oblige en aucun cas l'accompagnement par les forces de l'ordre", a-t-il poursuivi. Une erreur qui  aurait pu coûter la vie à trois gardiens de prison mercredi. Stéphane G., lui, est toujours activement recherché.

La colère des surveillants. Deux des fonctionnaires agressés ont dû être opérés dans l'après-midi. Leurs jours ne sont pas en danger. La colère montait mercredi soir dans les rangs de trois syndicats de surveillants pénitentiaires qui ont appelé au blocage. Ils réclament la révision de leur niveau d’escorte. Interrogé par Europe 1, Samuel Gauthier, syndicaliste à la CGT ne comprend pas que ce détenu, considéré comme potentiellement dangereux, n'est pas été accompagné de policiers armés.

"Il y aura une enquête pénitentiaire et judiciaire qui devront déterminer s'il y a eu une erreur et à quel niveau. L'idée est de savoir si l'escorte était suffisante au regard du profil de ce détenu qui avait un passé judiciaire sérieux", commente le syndicaliste. En attendant, une centaine de fonctionnaires bloquent la maison d'arrêt de Nantes depuis jeudi matin. La porte est en effet bouchée par des pneus et des palettes. Ils réclament que les mouvements de détenus soient systématiquement accompagné de policiers armés. Mais rien que pour les transferts médicaux, leur nombre s'élève de 8.000 à 11.000 par an. Trouver autant d'escortes serait donc compliqué.