Un nouveau scandale éclabousse le quai des Orfèvres

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Pierre de Cossette avec , modifié à
Le directeur de la PJ parisienne est en garde à vue depuis mercredi dans le cadre d’une affaire de violation du secret de l’instruction. Un scandale de plus pour le "36", qui traverse actuellement une période très troublée.

En entrant dans le bureau du chef du "36", Bernard Petit, pour le placer en garde à vue, les agents de l’IGN, la police des polices, ont déclenché un séisme au sein de la police judiciaire parisienne. La vénérable institution a pourtant déjà été largement ébranlée ces dernières années. Europe 1 revient sur les derniers scandales qui ont terni la réputation du 36 Quai des Orfèvres.

En 2013, l'erreur de Christian Flaesch 

Fin novembre 2013, le journal Le Monde révèle que Christian Flaesch, alors patron de la police judiciaire, aurait échangé par téléphone avec Brice Hortefeux pour le prévenir qu'il allait être entendu comme témoin par la police judiciaire dans le cadre de la plainte déposée par Nicolas Sarkozy contre Mediapart en marge de l'affaire Karachi. Or Brice Hortefeux est sur écoute dans le cadre d'une autre affaire. 

Il y a eu trois conversations téléphoniques au total entre les deux hommes. Dans la deuxième, Christian Flaesch recommande à Brice Hortefeux de ne pas oublier ses agendas pour son entretien, et dans le dernier, le patron de la PJ précise à l'ancien ministre de l'Intérieur que, finalement, les juges l'entendront eux-même directement, avant de glisser cette phrase qui a pu lui coûter cher par la suite : "Ce n'est pas la peine de dire aux juges que je vous ai appelé". 

Si ces trois coups de fil et les échanges entre les deux hommes n'ont rien de pénalement répréhensibles, l'information est jugée suffisamment importante pour être remontée à Manuel Valls alors ministre de l'Intérieur. Ce dernier prend la mouche et décide de remplacer Christian Flaesch, qui est par ailleurs un proche de Frédéric Péchenard, lui-même ancien directeur général de la police et... ami proche de Nicolas Sarkozy, dont il a été directeur de campagne lors de l'élection à la présidence de l'UMP avant de devenir directeur général de l'UMP après la victoire de Nicolas Sarkozy. Pour le remplacer, Manuel Valls choisit le numéro 3 de la DCPJ, Bernard Petit.

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Avril 2014, un viol à la BRI ?

Au mois d’avril, quatre policiers de la BRI sont mis en cause dans une enquête pour viol sur une touriste canadienne après une soirée très arrosée. Pire encore, l’affaire se serait déroulée d’abord dans un bar parisien, puis dans les locaux-mêmes du 36. Deux des policiers sont mis en examen, l’un d’entre eux reconnaît la relation sexuelle, mais affirme qu’elle était consentie. En novembre, des traces d’ADN retrouvées sur les vêtements de la victime "confortent les accusations de viol".

Eté 2014, vol au-dessus d’un nid de coco

Après la Bri, au tour de la brigade des stupéfiants d’être au cœur de la tourmente. En plein été, 52 kilos de cocaïne saisis et placés sous scellés par la PJ disparaissent comme par enchantement du 36. La police des polices enquête sur l’affaire, et identifie grâce à la vidéosurveillance le brigadier qui a volé la drogue. Il est interpellé alors qu’il est en vacances dans les Pyrénées-Orientales puis écroué. Trois autres policiers ont été mis en examen depuis dans l’affaire, portant à 9 le nombre de personnes poursuivies dans le dossier.

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Février 2015, le grand flic Bernard Petit en garde-à-vue

C’est la dernière affaire, la plus récente. Celle qui touche pour la deuxième fois en un peu plus d’un an un patron du 36. Bernard Petit est placé en garde-à-vue dans une affaire de violation du secret de l’instruction. Le patron de la PJ aurait renseigné Christian Prouteau, lui-même ancien chef du GIGN, interpellé dans le cadre d’une affaire impliquant l’escroc des stars Christophe Rocancourt.