Stains : les gardes à vue prolongées

Après l'effondrement d'un lieu de culte évangélique dimanche, la sécurité est mise en doute.
Après l'effondrement d'un lieu de culte évangélique dimanche, la sécurité est mise en doute. © MAXPPP
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avec Guillaume Biet , modifié à
Une information judiciaire va être ouverte mardi après l'effondrement du plancher dans un local de culte.

La fête de Pâques de la communauté haïtienne évangélique de Stains a été endeuillée dimanche par l'effondrement du plancher d'un lieu de culte. Une fillette de six ans est morte et deux autres personnes, dont un enfant de deux ans, ont été grièvement blessées. Des questions se posent désormais sur les conditions de sécurité de ce local. Europe1.fr fait le point sur l'enquête.

Que s'est-il passé dimanche ? Alors qu'une petite communauté évangélique, notamment composée de membres de la communauté haïtienne, célébraient la messe de Pâques dans un local de Stains, le plafond s'est effondré vers 14h30. "Il y avait une célébration au premier étage. Une partie du premier étage s'est effondrée sous le poids", a indiqué le préfet Christian Lambert. Les personnes sont tombées avec le plancher", par "un cratère", chutant d'environ 2,5 mètres, a-t-il ajouté.

Anne Kostomaroff, la procureure adjointe de la République au parquet de Bobigny, a déclaré lundi que la rupture d'une "poutre maîtresse" était à l'origine de l'effondrement du plancher. "Il semblerait que le plancher, constitué de plaques d'aggloméré, n'ait pas supporté la charge" des personnes participant à l'office, a fait savoir la procureure. Elle a précisé que le parquet du premier étage de ce local reconverti en lieu de culte évangélique s'était effondré "en son milieu sur une trentaine de m2".

Combien de personnes étaient présentes ? C'est une donnée-clé pour les enquêteurs. 100 à 150 personnes assistaient à l'office pascal, a indiqué dans un premier temps le préfet Christian Lambert. Mais certains témoins parlent de 200 fidèles. Etaient présents dans la pièce "plusieurs dizaines de personnes", le nombre exact de participants étant "en cours de détermination", a déclaré la procureure adjointe. Du côté des victimes, une fillette de six ans est morte sur le coup. Une autre fillette de deux ans et une femme de 42 ans ont été hospitalisées dans un état très grave. Leur pronostic vital était toujours engagé lundi, "très engagé" pour la femme. 32 autres personnes ont été plus légèrement blessées dans l'accident.

Où a eu lieu le drame ? Le lieu de culte, loué par l'association "Armée combattants pour Christ nouvelle Jérusalem", était installé depuis environ un an dans un pavillon, entre une zone industrielle et des voies ferrées, sur la commune de Stains, à la frontière avec Pierrefite-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. Ce grand bâtiment est occupé au rez-de-chaussée par un garage et au premier étage par une salle éclairée par des vasistas. Selon une source proche de l'enquête, même si le local est récent et apparemment en bon état, la structure a pu être fragilisée par les danses très rythmées qui accompagnent d'ordinaire ces offices. "Ce n'était pas un bâtiment insalubre, mais son plancher ne pouvait pas supporter tant de personnes", a jugé le maire de Stains, Michel Beaumale.

Le local était-il aux normes ? L'enquête devra le déterminer avec précision. Lundi, la procureure adjointe a indiqué que toutes les pistes étaient étudiées. Le maire de Stains, Michel Beaumale a assuré que des  travaux d'extension avaient été réalisés sans autorisation. "Les services de la ville avaient constaté en 2008 que des travaux d'extension avaient été réalisés sans autorisation", a indiqué Michel Beaumale, en précisant qu'un "procès-verbal" avait été établi par la municipalité, concernant la construction "d'un étage supplémentaire" au bâtiment.
"Il y a eu un dossier transmis à la procureure de Bobigny le 13 juillet 2010 suite à ces constatations", a ajouté l'élu qui a toutefois ajouté qu'à ce stade rien n'indique que l'extension réalisée sans permis corresponde à la partie du bâtiment qui s'est écroulée dimanche.

La députée communiste de la circonscription, Marie-Georges Buffet, avait pourtant déclaré dimanche que "le préfet [lui avait] dit que la commission de sécurité était passée". La mairie de Stains aurait même transmis un PV au parquet pour signaler l'état du bâtiment.

Le Conseil national des Evangéliques de France a jugé de son côté qu'il "n'était pas du tout adapté pour recevoir plus d'une centaine de personnes" et "n'était pas aux normes de sécurité". La non conformité de ces locaux avait d'ailleurs poussé le CNEF à ne pas intégrer cette "église spontanée".

Qui pourrait être responsable ? Deux personnes ont été placées en garde à vue dimanche dans le cadre de l'enquête ouverte pour ""homicide involontaire et blessures involontaires aggravés par la violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence imposée par la loi ou le règlement". Il s'agit du "pasteur" de la communauté, qui officiait dimanche, et du propriétaire du local. Les policiers cherchent à déterminer leurs responsabilités éventuelles dans le drame.

Lundi, leur garde à vue a été prolongée et l'ouverture d'une information judiciaire dès mardi a été annoncée par la procureure adjointe au parquet de Bobigny. "Il y a des approfondissements indispensables à mettre en œuvre", a déclaré Anne Kostomaroff, y compris sur la possibilité que des travaux aient été effectués dans ce local sans permis de construire. L'instruction aura pour objet d'établir "l'ensemble de la chaîne des responsabilités", les "conditions de construction" et "d'exploitation" de la salle, et d'"évaluer le préjudice" des victimes. La procureure adjointe a également annoncé que des perquisitions étaient en cours lundi en région parisienne.

L'enquête a été confiée au Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Seine-Saint-Denis ainsi qu'à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) à Paris.