Saint-Denis : émoi après un incendie

Deux personnes ont été tuées et plus d'une dizaine d'autres blessées dans l'incendie d'origine indéterminée d'un immeuble à Saint-Denis, dans la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Deux personnes ont été tuées et plus d'une dizaine d'autres blessées dans l'incendie d'origine indéterminée d'un immeuble à Saint-Denis, dans la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. © JB QUENTIN/MAXPPP
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avec Julien Pearce et AFP , modifié à
Un immeuble insalubre a pris feu vers Paris, tuant deux personnes. Le gouvernement s'active.

Un incendie, à l'origine pour le moment indéterminée, a fait deux morts, quatre blessés graves et douze plus légers dans un immeuble de Saint-Denis dans la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. Le pronostic vital d'un des blessés est engagé selon la mairie. Deux des 220 pompiers qui sont intervenus font partie des blessés, dont l'un grièvement. Aucun enfant ne figure parmi les victimes du drame, précise toutefois la Ville.

L'alerte a été donnée vers 01h30, pour un feu qui a pris dans cet immeuble de cinq étages, situé rue Gabriel Péri, une artère piétonne et commerçante de Saint-Denis. Selon la mairie, le feu a pris dans les parties communes au rez-de-chaussée - non au troisième étage comme indiqué initialement - et la cage d'escalier s'est embrasée, compliquant l'évacuation des habitants. Certains ont sauté par les fenêtres et de nombreuses fractures ont été diagnostiquées chez les blessés.

"J'ai vu plusieurs personnes sauter"

Pompiers

"J'ai sauté du premier étage", témoigne une habitante de l'immeuble, sous le choc, un bandage sur le genou. "J'ai vu un jeune qui était au troisième étage, il s'est accroché à la gouttière pour se laisser glisser jusqu'en bas mais la gouttière s'est tordue sous son poids et il est tombé sur la tête", décrit Fayçal Abidi, membre du centre culturel Tawid, proche des lieux du drame. Une voisine, qui ne souhaite pas donner son nom, dit avoir été "interpellée par les cris de panique des gens". "J'ai vu plusieurs personnes sauter", lâche-t-elle, très émue.

"Je devais y être la nuit dernière et comme c'était mon anniversaire je suis allé à Paris. Quand je suis rentré vers 4h il y avait des pompiers partout", raconte Samy Ammiche, 19 ans, qui se présente comme un des locataires.

"Vétuste, lieu de squat et de trafics"

Immeuble

Selon le maire-adjoint de Saint-Denis délégué à l'urbanisme et l'habitat, le sinistre serait lié à la vétusté de l'immeuble, par ailleurs squatté par de nombreuses personnes. "C'était un immeuble insalubre, avec des branchements électriques dans tous les sens, de l'eau dans tous les sens, du gaz qui ne fonctionnait plus et donc des gens qui se chauffaient avec du chauffage à pétrole. Tous les ingrédients d'un immeuble dangereux étaient réunis", a détaillé Stéphane Peu au micro d'Europe1.

La municipalité venait d'entreprendre des travaux d'urgence faute de réponse des copropriétaires aux injonctions administratives, ajoute l'élu. "Il s'agissait de sécuriser le système électrique, de purger la façade, de dégager les conduits de cheminée et de consolider les planchers de cet immeuble ouvert à tous les vents et lieu de squat et de trafics", précise l'adjoint au maire.

"Sur une dizaine d'années, une trentaine de personnes sont mortes à Saint-Denis à cause de l'habitat indigne, dans des incendies ou dans des effondrements", regrette Stéphane Peu.

Le DAL appelle à un rassemblement

duflot

Ce drame "renforce la détermination du gouvernement et la mienne à considérer que le logement est un bien de première nécessité et qu'on ne peut accepter que des gens vivent dans des situations aussi périlleuses", a réagi la ministre du Logement Cécile Duflot, venue sur les lieux. La ministre assure par ailleurs que tout le monde sera relogé dans la journée.

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a, pour sa part, insisté sur "la nécessité de rénover ces immeubles" pour "en finir avec cette misère". "Je pense évidemment aux victimes, aux blessés graves et à leurs familles, et j'espère que l'enquête très rapidement donnera les éléments sur les causes de ce drame", a-t-il poursuivi.

L'association Droit au logement (DAL) a, elle, mis en cause dimanche la "responsabilité" des propriétaires de l'immeuble.Cet incendie meurtrier "vient à nouveau endeuiller des familles et jeter à la rue des victimes. Il vient nous rappeler cette triste vérité: les mal-logés et les sans-logis sont les principales victimes des incendies, car ils se logent où ils peuvent", écrit le DAL dans un communiqué.

"La responsabilité des propriétaires paraît engagée, car ils ont laissé se dégrader l'immeuble, faute d'un entretien régulier si l'on en croit la mairie de Saint-Denis", ajoute le DAL, qui n'exclut pas une piste criminelle "s'il est bien confirmé que le feu a pris dans la cage d'escalier". Le DAL appelle à un rassemblement sur place ce dimanche à 18h "avec des sinistrés, des mal-logés et des habitants du quartier solidaires".