"Rien ne peut justifier l'antisémitisme"

Trois jeunes juifs d'une vingtaine d'années ont été agressés samedi soir par une dizaine d'individus à Villeurbanne.
Trois jeunes juifs d'une vingtaine d'années ont été agressés samedi soir par une dizaine d'individus à Villeurbanne. © MAX PPP
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avec Emilie Nora , modifié à
Trois juifs ont été agressés samedi à Villeurbanne. Politiques et religieux condamnent.

Politiques et religieux, juifs, chrétiens et musulmans, ont tous condamné lundi matin l'agression de trois juifs en pleine rue à Villeurbanne.

Trois jeunes d'une vingtaine d'années et portant la kippa ont été "insultés et bousculés par trois individus" samedi soir, comme le raconte la police. Les agresseurs ont ensuite été rejoints par "une dizaine de personnes" armées, sont revenus à la charge. S'en est suivi un "échange de coups" durant lequel "deux des trois jeunes" ont reçu "un coup de marteau et un coup de barre de fer au niveau de la tête". Le troisième jeune a été frappé au bras.

"Un des jeunes a eu une plaie ouverte au crâne et une jeune fille a été atteinte à la nuque", précise le ministère de l'Intérieur. Tous trois ont été brièvement hospitalisés et sont ressortis avec cinq jours d'interruption totale temporaire. Les trois victimes ont déposé plainte et la police a ouvert une enquête.

Depuis ces agressions la communauté juive est sous le choc. "Ils ont eu très peur. Surtout celui qui a reçu un coup de marteau dans la tête. C'est une tentative de meurtre. Quand on vient avec un marteau et qu'on tape l'autre sur la tête, on peut le tuer", affirme sur Europe 1, Samuel Gurewitz, directeur de l'établissement où se trouve la synagogue.

Ayrault et Valls dénoncent les faits

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a qualifié cette agression antisémite "d'une extrême gravité". Il a rappelé "sa détermination à lutter contre toute agression à caractère religieux". "Manuel Valls assure de la mobilisation totale des services de police sur place afin que les auteurs de cette agression soient, comme le prévoient les lois de la République, interpellés et mis à la disposition de la justice", a indiqué le ministère.

De passage à Forbach, lundi, le Premier ministre a aussi condamné cet acte "très grave" et "d'une violence insupportable". "J'exprime ma solidarité avec les victimes, c'est une évidence pour moi", a-t-il ajouté en marge de sa visite en Lorraine.

Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a également réagi à cette "agression violente antisémite". Les agresseurs, décrits comme étant "d'origine maghrébine", ont "proféré des insultes en rapport avec la religion juive" des victimes, avant de les agresser physiquement, selon le BNVCA.

"Les juifs sont des cibles récurrentes"

"On est au XXIème siècle et on a des jeunes qui sont agressés à coups de barre de fer et de marteau parce qu'ils portent une kippa", a déploré Alain Jakubowicz, président de la Licra et avocat lyonnais. Evoquant le fait que les agresseurs semblent être d'origine maghrébine, il a appelé à "se méfier du délit de faciès" tout en évoquant les tensions entre communautés arabe et juive autour du conflit israélo-palestinien, "avec l'identification du juif au sioniste".

L'Union des étudiants juifs de France (Uejf) a quant à elle "condamné" dans un communiqué l'agression de Villeurbanne. "En France, il existe des zones (...) où les citoyens juifs sont des cibles récurrentes des actes antisémites. Il est essentiel d'identifier ces lieux et de lutter de manière générale contre cette insécurité grandissante pour les juifs en France", selon l'Uejf.

Le président du Consistoire israélite Joël Mergui s'est lui insurgé contre "la banalisation des actes antisémites". Il a appelé à ce que "chaque acte antisémite soit traité comme un fait exceptionnel, grave et pas comme un acte banal".

Israël a enfin exprimé lundi sa "profonde préoccupation" tout en rappelant "sa confiance dans les autorités françaises pour faire la lumière sur ces faits", selon un communiqué de son ambassade à Paris.

"Solidarité fraternelle" des musulmans et des chrétiens

La Conférence des évêques de France et le Conseil français du culte musulman (CFCM) ont condamné lundi l'agression "antisémite" de trois jeunes juifs à Villeurbanne, assurant la communauté israélite de leur "solidarité fraternelle", dans des communiqués séparés.

"Le Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, Président de la Conférence épiscopale des Evêques de France tient à assurer les communautés juives de sa fraternité totale", selon un communiqué de la CEF. "Rien, ni dans la conjoncture internationale, ni dans une argumentation religieuse ne peut ni ne doit conduire à poser ou à justifier des actes violents antisémites dans notre pays", a-t-il ajouté.

De son côté, le président du CFCM a assuré condamner "avec la plus grande vigueur les actes d'agression antisémites dont ont été victimes trois jeunes juifs portant la kippa samedi dernier à Villeurbanne". "Le CFCM assure les victimes, leurs familles et la communauté juive de France de son soutien et de sa solidarité fraternels face à ces actes odieux et insupportables" et "appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ces actes soient arrêtés et punis avec la plus grande sévérité".