Paris : cinq ans de prison pour un "cyberdjihadiste" marocain

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avec AFP , modifié à
Installé en Seine-Maritime, l'homme se répandait sur Internet en diatribe contre la France et l'occident. Il écope également d'une interdiction définitive du territoire.

Il multipliait les diatribes djihadistes sur internet.  Un Marocain de 36 a été condamné mercredi à cinq ans de prison et à l'interdiction définitive du territoire par le tribunal correctionnel de Paris. Fahd Jobrani était accusé d'association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme. Le parquet avait requis six ans de prison et l'interdiction de territoire.

Une "katiba" pour Al-Qaïda au Maroc. "Vous avez exprimé une haine de la France qui permet difficilement d'envisager que vous restiez sur le territoire national", a jugé le tribunal, qui a toutefois souligné que la "détermination affichée voire revendiquée par le prévenu ne s'était pas concrétisée dans la planification précise d'un attentat. Identifié en 2012 lors d'une enquête dans une autre affaire, Fahd Jobrani, installé à Notre-Dame du Bliquetuit, une petite commune près de Rouen, en Seine-Maritime, s'était vanté sur un forum en ligne de créer une "katiba", une brigade, pour Al-Qaïda au Maroc.

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"C'est une décision sévère envers quelqu'un qui n'a fait que prononcer des paroles idiotes, sans le moindre commencement d'exécution d'un acte terroriste", a réagi l'avocate du prévenu, Me Anne-Sophie Laguens, qui envisage de faire appel. Tentant de minimiser la portée des propos qui lui valent d'être poursuivi, il avait assuré les 19 et 20 janvier devant le tribunal qu'il s'agissait de "délire", de "paroles en l'air", sur fond d'ennui.

"On ne restera plus derrière nos claviers". Son message "la paix sur vous les terroristes, moi je suis l'un des vôtres" ? "Ironique", a-t-il affirmé. Des heures durant, il se répandait en diatribes contre la France et l'Occident, écrivant : "on ne restera plus derrière nos claviers". Jobrani, lui, a fait valoir qu'il n'est pas passé à l'action et qu'il ne l'aurait jamais fait. Pour sa défense, Jobrani a affirmé qu'il s'insurgeait contre le tourisme sexuel au Maroc, espérait y voir arriver les révolutions arabes, expliqué avoir subi dans son travail des "vannes racistes" et avoir été "traité comme un chien" par la police lors de son interpellation à son arrivée clandestine en France en 2004.

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La procureur Julie Holveck avait souligné le prosélytisme, sur internet et dans son entourage familial, auquel s'est livré Jobrani et sa "véritable fascination pour les armes". Elle avait évoqué les "correspondants privilégiés" et les "échanges de données opérationnelles". "Peu importe" que les contours du projet terroriste ne soient pas "clairement définis" pour que l'infraction soit constituée, avait-elle poursuivi.

"Il ne sait même pas ce que c'est que le salafisme". De son côté, l'avocate du prévenu avait estimé que les faits relevaient plutôt de l'apologie du terrorisme. Il "se dit salafiste, mais ne sait même pas ce que c'est que le salafisme", avait plaidé Anne-Sophie Laguens, soulignant la "réelle immaturité" de son client, qui ne serait "jamais parti" faire le jihad et "n'avait pas l'influence qu'on lui prête".