Meurtre au Bristol : un homme d'affaires britannique aux assises

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avec AFP
Ian Griffin est jugé pour le meurtre de sa compagne retrouvée morte dans la baignoire d'une chambre du palace parisien en mai 2009.

Des plus beaux palaces du monde à la cour d'assises de Paris, voici l'histoire dramatique de la chute brutale et sanglante d'un homme d'affaire anglais. Ian Griffin, un Britannique de 45 ans, est jugé à partir de lundi pour le meurtre en 2009 de sa compagne, dans leur chambre du Bristol, hôtel prestigieux situé à deux pas du palais de l'Elysée. Le procès est prévu jusqu'au 5 décembre. L'homme risque jusqu'à 30 ans de prison.

Un séjour parisien mouvementé. Le couple avait tout pour être heureux. Elle, Kinga Wolf, est une femme d'affaires d'origine polonaise de 36 ans, à la tête d'une société d'exportation de légumes florissante. Lui est un homme d'affaires multicartes. Mais leurs relations, sur fond d'alcool et d'antidépresseurs, étaient souvent orageuses. Lorsqu'ils font étape à Paris sur leur route vers la Côte d'Azur, en mai 2009, ils se font remarquer par des esclandres, d'abord dans un restaurant chic du quartier des Champs Elysées, puis au Bristol même. 

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Sur la porte, un panneau "ne pas déranger". Le 26 mai, Kinga Wolf est retrouvée morte, dans la baignoire de la chambre du couple. La veille, son compagnon avait quitté l'hôtel au volant de sa Porsche, laissant sur la porte un écriteau : "ne pas déranger". Quand la porte de la chambre est enfin ouverte, sur insistance de la famille de Kinga qui ne parvient plus à la joindre depuis deux jours, tout est sens dessus dessous. Traces de sang sur les murs et le matelas, lustre et pied de chaise brisés, câbles électriques arrachés. Deux pistolets à impulsion électrique, dont un camouflé en tube de rouge à lèvres, sont retrouvés. La victime, dénudée, porte de nombreuses traces de coups. L'autopsie révèle des hémorragies à la tête, au foie ou au pancréas, et une brûlure compatible avec une arme à impulsion électrique.

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Ian Griffin évoque un "trou noir". Les enquêteurs lancent aussitôt un mandat d'arrêt contre Ian Griffin. L'homme est interpellé quelques jours plus tard, le 1er juin, en Angleterre. L'homme s'est réfugié chez un ami, affirmant venir de tenter de mettre fin à ses jours. Extradé en mai 2011, il a été incarcéré jusqu'en mars 2013, puis remis en liberté sous bracelet électronique, après une grave maladie. Il assure ne pas se souvenir des faits, évoquant un "trou noir", et la possibilité d'une overdose de médicaments de son amie. Quant aux dégâts, il a dû la repousser alors qu'elle l'agressait. Car s'il reconnaît que sa relation avec Kinga était émaillée de disputes, parfois violentes, il explique que c'est elle qui le frappait. Au réveil, il dit ne pas avoir compris tout de suite qu'elle était morte.

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"Pas de jalousie, pas d'assurance vie". "A l'évidence c'est un acte de folie", estime Me Francis Triboulet, avocat du Britannique. Il décrit un homme "aujourd'hui encore dévasté parce qu'il a causé la mort de la femme qu'il aimait". Dans ce "couple tumultueux", l'avocat ne voit "aucune raison objective" à ce meurtre : "pas de jalousie, pas d'assurance vie", détaille-t-il. "Une situation incompréhensible qui ne peut s'expliquer que par un acte de folie", avance-t-il. La stratégie de la défense s'axe donc autour d'une éventuelle diminution du "discernement", et donc de la responsabilité. Pour les experts psychiatres qui ont examiné Ian Griffin, l'homme est atteint de troubles de la personnalité et souffre d'une dépendance à l'alcool et aux médicaments, mais reste responsable.

"Elle a reçu trois coups mortels, lui n'a aucune trace".  La famille de la victime reçoit quant à elle cette attitude "comme une fuite, une volonté d'esquiver sa responsabilité", explique leur avocat, Guillaume Traynard. "Les seuls moments qu'il oublie, son trou noir, sont précisément ceux de nature à engager sa responsabilité". Or, à l'époque des faits, "il fait tout pour organiser sa fuite, ce qui est bien le contraire d'une abolition du discernement", relève l'avocat. Quant aux violences, "elle a reçu trois coups mortels, lui n'a aucune trace", insiste Me Traynard. "C'est une histoire tristement classique d'une relation de violences conjugales qui conduit à la mort de la femme".