Incendie mortel d'Aubervilliers : l'origine est criminelle

Le feu a tué deux personnes et en a grièvement blessé quatre, samedi soir à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
Le feu a tué deux personnes et en a grièvement blessé quatre, samedi soir à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. © Capture écran Twitter
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avec Jean-Sébastien Soldaïni , modifié à
DRAME - Deux femmes, dont l'une enceinte, sont mortes dans cet incendie qui s'est déclaré samedi en début de soirée dans un immeuble d'habitation.

L'immeuble serait-il "maudit" ? Deux incendies, dont le premier criminel, ont frappé le même immeuble à Aubervilliers à un an d'écart. Le feu a tué deux personnes et en a grièvement blessé quatre, samedi soir à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. "On privilégie la piste criminelle dans l'état actuel des constatations", a indiqué le parquet. Aucune trace d'hydrocarbure n'a été retrouvée sur place, mais "il y a forcément eu un agent extérieur" à l'origine de l'incendie, a affirmé cette source. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour homicide et destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort.

Le feu est parti de deux poussettes. "L'incendie violent" s'est déclaré aux alentours de 20 heures. Selon les premiers éléments de l'enquête confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, "l'incendie est parti de deux poussettes qui étaient dans un local au rez-de-chaussée", a  précisé le parquet. Puis l'incendie s'est propagé rapidement jusqu'à la toiture, notamment parce qu'une conduite de gaz a fondu sous l'effet de chaleur.

En quelques minutes seulement, le feu a atteint les étages, la structure du bâtiment contenant beaucoup de bois et les installations électriques étant vétustes. Plus d'une centaine de pompiers ont lutté pendant près de trois heures avant de réussir à maîtriser les flammes, sous le regard angoissé d'une centaine de riverains attroupés.

Certaines des victimes ont sauté par la fenêtre. Deux femmes, âgées de 30 et 40 ans, dont l'une était enceinte, ont trouvé la mort en sautant par la fenêtre pour échapper aux flammes, a expliqué un porte-parole des pompiers. "J'ai vu une femme du cinquième étage, je lui ai dit 'Ne saute pas, ne saute pas'. Mais elle a sauté. J'ai pensé à jeter ma petite sœur par la fenêtre. Je me suis dit qu'elle serait blessée, mais qu'elle ne mourra pas dans le feu", raconte à Europe 1 Ayouz, un habitant du 6e étage.

L'incendie a fait aussi quatre blessés graves, transférés dans un premier temps en civière dans une brasserie du coin de la rue, réquisitionnée par les secours. Le pronostic vital de deux d'entre eux restait engagé dimanche, selon une source proche du dossier.  Il y a eu également cinq blessés légers, dont trois pompiers. Et huit personnes ont réussi à sortir elles-mêmes en utilisant les échelles installées par les pompiers.

La piste criminelle confirmée. Selon les conclusions du laboratoire central de la préfecture de police, l'incendie est donc clairement d'origine criminelle, rapporte Le Parisien. Un immeuble du même pâté de maison, dans la même rue, a déjà été le théâtre d'un incendie il y a un peu plus d'un an à cause d'un règlement de comptes au cocktail Molotov entre squatteurs. Or la copropriété qui a pris feu samedi hébergeait elle aussi quelques squats : de faux contrats de location étaient au cœur d'un "gros trafic de logement", selon les termes d'un élu local.

Les habitants de l'immeuble ont été entendus confortant avec leurs témoignage la piste criminelle. Selon eux, l'origine de l'incendie pourrait avoir plusieurs explications : un différend locatif ou alors des ados qui auraient volontairement mis le feu à une poussette. Selon plusieurs témoins, un autre feu de poussette se serait déclaré dans le même immeuble, il y a quelques jours.