Dieppe : quatre ados mis en examen

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avec le service police-justice et Sébastien Krebs, envoyé spécial à Dieppe , modifié à
Ils sont poursuivis pour assassinat, accusés d'avoir tué puis brûlé leur camarade.

Ils craignaient qu'il les dénonce pour un cambriolage commis début mars. Quatre mineurs, âgés de 15 à 17 ans, soupçonnés du meurtre d'un de leurs camarades de 17 ans, Alexandre, retrouvé à moitié calciné dans la forêt de Beauvoir-en-Lyons, en Seine-Maritime, ont reconnu les faits lors de leur garde à vue mercredi.

Déférés jeudi à Rouen, ils ont été mis en examen pour assassinat et écroués dans la soirée. Le juge chargé d'instruire cette affaire tout comme le juge des libertés et de la détention ont suivi les réquisitions du parquet de Rouen.

"Il s'agit d'un assassinat, quelque chose qui a été prémédité ... nous avons des aveux et des éléments matériels", avait dit, quelques heures plus tôt, le Procureur de la République Michel Senthille. "Assassinat, c'est à dire homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Dans l'échelle délictuelle des homicides, c'est l'acte le plus important", avait-t-il ajouté.

Un cambriolage pour mobile

Lors de leurs aveux, les quatre adolescents ont raconté avoir commis un cambriolage le 12 mars dernier au cours duquel ils ont volé une console de jeu et des bouteilles d’alcool. La victime n’était pas présente mais craignant d’être dénoncés, ils ont décidé de le supprimer.

Durant leur garde à vue, ils ont raconté comment ils ont établi leur plan et comment ils l'ont exécuté ensuite. Sans regret. "On n'a pas le sentiment qu'ils se rendent pleinement compte de leur acte et de la gravité de la situation dans laquelle ils se sont mis. Ils sont totalement désinhibé. Ce sont des jeunes sans limite", a expliqué au micro d'Europe 1 le lieutenant-colonel Jeannin, qui commande la section de recherche de Haute-Normandie.

"Ils lui ont tendu un piège"

Pour passer à l'acte lundi, les suspects ont visiblement mis en place un véritable stratagème. Selon les informations d'Europe 1, ils s’étaient réparti les rôles à l’avance. L'un des adolescents était chargé d’aller chercher la future victime. Deux autres, munis d'un calibre 22 long rifle, lui ont tiré chacun une balle dans la nuque. Enfin, le dernier était chargé d’incendier le cadavre.

"Les quatre savaient très bien comment ça se terminerait. Ils avaient décidé qu'ils exécuteraient ce garçon, à qui ils ont tendu un piège", a déclaré sur Europe 1 Valérie Cadignan, procureur de la République à Dieppe. "Ils ont apporté une bouteille d'essence, ils ont apporté une arme, ils ont appelé la victime et sont allés la chercher, amicalement. La victime est venue sans aucune méfiance, puisqu'il avait rendez-vous avec des gens qu'il connaît. Et alors qu'il est assis, par derrière, une personne lui tire une balle dans la tête, puis une deuxième personne prend l'arme et réitère le geste. Ensuite, ils l'ont aspergé d'essence et ont allumé le feu", a confirmé le procureur.

"Ils se sont rapidement empêtrés dans leur déclaration"

"Ils l'ont fait avec une certaine naïveté puisqu'ils ont laissé des preuves matérielles suffisantes pour remonter rapidement jusqu'à eux", a expliqué à Europe 1 le colonel Jacques Plays, commandant du groupement de gendarmerie de Seine-Maritime. "Surpris et déstabilisés d'être aussi vite potentiellement démasqué et placés en garde à vue, ils se sont rapidement empêtrés dans leur déclaration et sont passés chacun leur tour aux aveux", a-t-il ajouté.

Le colonel Jacques Flays parle de "procédés que l'on retrouve généralement dans des affaires de grand banditisme, avec une répartition minutieuse des tâches.

Déjà une bagarre entre eux

Le corps calciné de la victime de 17 ans avait été découvert mari vers 1h30 par un agent de l'Office national des forêts. Grâce à son portable et une partie de sa carte bancaire retrouvés sur place, les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie ainsi que le médecin légiste ont pu rapidement l'identifier. L'autopsie a également révélé  qu’il a été exécuté de deux balles dans la nuque.

Selon les informations recueillies par Europe 1, il y a un peu moins d'un an, en mai 2011, une bagarre avait mis aux prises la victime et l’un des suspects qui avait déjà fait l’objet d’un rappel à la loi, qui ne figure cependant pas sur son casier judiciaire. Par ailleurs, le nom d'Alexandre figurait aux côtés de celui d’un des autres suspects dans une affaire de vol actuellement en cours d’enquête.