Clichy-sous-Bois : les échanges radio des policiers examinés

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
Mercredi, le tribunal correctionnel de Rennes étudiera les conditions de l’intervention des policiers avant l’électrocution qui a causé la mort de Zyed et Bouna, il y a dix ans.  

"S’ils entrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau." Cette phrase, relevée sur la bande-son des conversations radio des policiers, sera au cœur des débats, mercredi. Le tribunal correctionnel de Rennes examinera en effet les détails de l’intervention des forces de l’ordre avant l’accident par électrocution qui a coûté la vie aux deux adolescents, Zyed et Bouna, âgés de 17 et 15 ans, et a grièvement brûlé Muhittin. 

Non-assistance à personne en danger. Ce jeudi-là à Clichy-sous-Bois, il est 17h36 lorsque l’un des policiers prononce la fameuse phrase. C’est Sébastien Gaillemin, gardien de la paix trentenaire, qui est sur le terrain tandis que Stéphanie Klein, jeune stagiaire alors âgée de 28 ans, travaille à la salle radio du commissariat de Livry-Gargan, chargé de l’intervention. Dix ans après ce 27 octobre 2005, les deux fonctionnaires, toujours en poste, comparaissent jusqu'à vendredi pour non-assistance à personne en danger. Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. 

Les policiers savaient-ils ? Sans doute insupportable à l’oreille des familles qui cherchent à comprendre, cette phrase permet-elle de déduire que les prévenus savaient que les trois ados avaient pénétré sur le site très dangereux ? Dans cet abri où les trois copains ont trouvé refuge, les murs extérieurs étaient recouverts d’un tag "STOP ne risque pas ta vie". Les policiers auraient-ils du prévenir EDF pour demander à ce que le courant soit coupé et ainsi sauver Zyed et Bouna, mortellement électrocutés ?

Lundi, jour de l’ouverture de ce procès tant attendu, l’avocat des deux policiers, Daniel Merchat, avait fermement écarté cette hypothèse : "Mes clients n'ont jamais su que les individus en fuite étaient, premièrement, dans le site EDF et, deuxièmement, dans le transformateur. Pour une raison très simple, ils sont entrés dans le transformateur une demi-heure après le départ des fonctionnaires de police."

Autant de questions auxquelles cette troisième journée de procès va tenter de répondre, dix ans après les faits qui avaient embrasé les banlieues françaises pendant trois semaines.

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