Charlie Hebdo : "Fredo, c'était un ange gardien"

© AFP
  • Copié
Sébastien Guyot avec Chloé Pilorget-Rezzouk , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - L'agent de maintenance Frédéric Boisseau a été la première victime des frères Kouachi. Un collègue, à ses côtés au moment du drame, raconte. 

 "On ne savait pas qu’il y avait Charlie Hebdo dans cet immeuble. On était allés faire du repérage pour tout ce qui est partie technique : on s’occupe du chauffage, de l’électricité, et on était allés repérer les lieux", relate Jérémy Ganz, collègue et ami de Frédéric Boisseau, l'agent de maintenance exécuté par les frères terroristes dès leur arrivée dans le hall de l'immeuble de Charlie Hebdo." On s’attend dans notre métier à être électrocuté, mais on ne s’attend pas à se prendre une balle de Kalachnikov. A se prendre une balle quoi. On s’est levés pour aller bosser et il s’est pris une balle."

>> LIRE AUSSI - Face à Kouachi, je n'ai pas baissé les yeux

"Là, tout a basculé". "C’est allé tellement vite", se souvient l'homme de 32 ans."Il y  une porte qui s’est ouverte, y a un mec qui a crié "Charlie" et il a  tiré. C’est dès qu’ils ont disparu de mon champ de vision que Fredo a crié "Jérémy" et je me suis tourné, et là… Là, tout a basculé. Je me suis caché dans les toilettes avec lui. J’ai fermé la porte le plus vite possible. Quand je les ai vus repasser pour rentrer dans ce fameux bâtiment,  je me suis dit "ils vont nous finir".  Il a lutté, il s’est accroché. Je lui ai dit : "ils vont arriver les secours, ils vont arriver", rapporte le survivant. 

"Fredo, c’était un protecteur". "C’est moi qui ait prévenu sa femme parce que ses premiers mots, quand il a été touché, il m’a appelé au secours, il a dit : "appelle Catherine". Je l’ai fait dès que j’ai vu les pompiers autour de lui", poursuit-il. "Pour moi, c’était un petit peu comme des anges gardiens qui arrivaient, j’étais persuadé qu’ils le sauveraient.  Je me suis dit "ça y est, ils sont là". Mais malheureusement, je sais que j’ai perdu Fredo", raconte, encore ému, Jérémy Ganz. "C’était un peu un "pare-balles", c’était un protecteur, un ange gardien. On verra la suite des événements, mais je sais que  j’ai perdu quelqu’un qu’on ne pourra pas remplacer."

>> LIRE AUSSI - EXCLU : Kouachi "était à 4 mètres de mon arme"