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Le week-end a été très agité en Israël pour le Premier ministre Benyamin Netanyahou qui doit faire face à une vague soudaine de contestation. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés samedi puis dimanche pour protester contre sa gestion de l’épidémie de coronavirus et réclamer sa démission.

La police est intervenue pour les disperser hier soir utilisant des canons à eau douze personnes ont été interpellées.

Oui, c’est un mouvement spontané qui a commencé la semaine dernière après de gros cafouillages dans la mise en œuvre du plan gouvernemental de déconfinement puisque les autorités israéliennes avaient dans un premier temps autorisé la réouverture des bars et des restaurants, à l’entrée de la période estivale, avant de brutalement revenir sur leur décision face à une recrudescence de l’épidémie. Ce qui peut d’ailleurs se comprendre dans la mesure où Israël doit vraiment faire face à un regain important de la contamination. C’est aujourd’hui l’un des pays où le virus progresse le plus vite.

Mais ce que reprochent les manifestants à Benyamin Netanyahou c’est d’avoir imposé sa décision sans la moindre consultation et sans donner d’explications alors que le mois dernier il assurait avoir jugulé la propagation de la maladie et qu’il avait même tendance à fanfaronner dans les médias sur le succès de sa politique sanitaire. Or ce reconfinement ne s’accompagne d’aucune mesure d’aide économique et coûte extrêmement cher au secteur déjà très affaibli de la restauration et du tourisme dont les entreprises ont dû puiser dans leurs réserves pour financer la réouverture alors que nombre d’entre elles ne survivront pas à une seconde fermeture.

Mais ce mouvement des restaurateurs est maintenant rejoint par les autres secteurs de l’économie.

Oui, il a fait tache d’huile et de manière extrêmement rapide pour devenir un mouvement de grogne social comme Israël n’en avait pas connu depuis maintenant près de 25 ans. Il touche l’ensemble du pays puisque la police a compté pas moins de 200 points de rassemblement ce week-end, même si le plus gros des manifestations était évidemment concentré à Tel Aviv ou devant la résidence officielle du Premier ministre à Jérusalem et sa résidence privée dans la très chic station balnéaire de Césarée.

Il faut dire que le taux de chômage en Israël qui était de 3,4% en février a bondi pendant le confinement pour toucher aujourd’hui plus de 20% de la population. Alors le gouvernement a bien promis une aide exceptionnelle à tous ses citoyens mais elle ne se monte qu’à 750 shekels ce qui fait moins de 200 euros c’est une misère.

Alors que Benyamin Netanyahou est toujours empêtré dans une longue procédure judiciaire pour corruption.

Absolument, trois affaires de corruption, fraude et abus de confiance, c’est le ressort essentiel de cette mobilisation, qui est en fait une véritable crise de confiance d’une partie importante de l’opinion israélienne dans le fonctionnement de ses institutions. La gestion de l’épidémie de Covid-19 n’a en fait été que l'élément déclencheur. Le ras-le-bol qui s’exprime est bien plus profond, bien plus ancien, c’est une remise en cause de la façon dont Benyamin Netanyahou dirige le pays sans discontinuer depuis 2009.