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Les tensions s'intensifient en mer Méditerranée, entre la Turquie et la Grèce. Le président Recep Erdogan a choisi d'entamer des prospection sous-marine d'hydrocarbure sur le plateau continental grec. Une provocation qui soulève une levée de bouclier en Europe. 

De très fortes tensions opposent à nouveau la Grèce à la Turquie depuis 24 heures en Méditerranée orientale. En cause : la décision turque d’entamer une campagne de prospection sous-marine d’hydrocarbure sur le plateau continental grec. 

Oui, c’est une nouvelle provocation du président Recep Erdogan. Il a effectivement annoncé publiquement mercredi le déploiement d’un navire de recherche au large de l’île grecque de Kastellorizo en mer d’Egée, pour réaliser des forages à la recherche de gaz et de pétrole. Ce qui n’est pas dit, en revanche, dans le communiqué officiel de la Turquie, c’est que ce bateau d’exploration civil est escorté par une véritable armada militaire : pas moins de 18 bâtiments de la flotte turque, chargés d’imposer une restriction à la navigation dans cette zone. Ce qui est totalement contraire au droit maritime.

La Grèce a donc réagit, mettant sa marine en alerte et en dépêchant à son tour une escadre dans la région, chargée de faire respecter ses eaux territoriales mais aussi la liberté de circulation. Ça c’est pour le côté militaire. Côté diplomatique, Athènes a fait appel à l’Union européenne, qui a clairement dénoncé des forages illégaux et qui menace même Ankara de sanctions économiques. Et, fait intéressant, l’Allemagne a également donné de la voix de manière très ferme, alors que d’habitude Berlin reste extrêmement prudent dans ses relations avec la Turquie.

Il faut dire que ce n’est pas le premier coup de force de la Turquie en Méditerranée.

Non, c’est même devenu l’un des traits caractéristiques de la politique étrangère du président Erdogan, qui a déjà mené la même manœuvre au large de Chypre au mois de mai dernier. Il vise également l’exploitation des champs d’hydrocarbures au large des côtes libyennes. Et c’est d’ailleurs la raison de l’intervention militaire turque en Libye, avec l’envoi de combattants djihadistes recrutés en Syrie et des livraisons d’armes en violation de l’embargo des Nations unies. Souvenez-vous que pour protéger ce trafic, des frégates turques ont été jusqu’à intercepter un navire français le mois dernier.

Tous les pays riverains de la Méditerranée doivent donc faire face à une stratégie de tension délibérée au service des ambitions ottomanes du président Recep Erdogan, servie par des actes de piraterie assumés malgré tous les risques que cela comporte. Parce que le chantage du recours à la force ne restera pas indéfiniment l’apanage de la seule Turquie. L’Egypte aussi se sent menacée par cette politique expansionniste et elle n’apprécie guère le soutien fournit sur sa frontière aux milices islamistes libyennes. Le maréchal Sissi, qui n’est pas un ami des Frères musulmans, a menacé d’intervenir militairement en Libye si la Turquie ne mettait pas fin à ces ingérences. Et mercredi, le parlement égyptien lui en a donné l’autorisation. Le président Erdogan va donc peut-être finir par atteindre les limites de sa politique de mise au pied du mur et du fait accompli.