Chaque jour, Anicet Mbida nous fait découvrir une innovation qui pourrait bien changer notre façon de consommer. Ce lundi, il s'intéresse à la création d’acier "zéro carbone", un matériau plus vert pour la construction, l’automobile et d’autres domaines.
L’innovation du jour est une première qui pourrait faire date. Les premières plaques d’acier "neutre en carbone" viennent d’être livrées. Et ça pourrait tout changer.
On l’oublie, mais la sidérurgie est peut-être l’activité qui utilise le plus de carbone sur la planète. Et pour cause, pour fabriquer du fer, il faut bruler du charbon presque pur (le coke) avec du minerai. L’acier est, en fait, essentiellement du fer et du carbone. C’est pour ça qu’on imaginait qu’il serait impossible à décarboner.
Or de l’acier, il y en a partout : dans les voitures, les bateaux, la structure des bâtiments… Pour vous dire, si la sidérurgie était un pays, elle serait le quatrième pollueur mondial en carbone juste derrière les États-Unis, la Chine et l’Europe.
Comment on a réussi à faire un acier neutre en carbone ?
C’est assez technique. Mais grosso modo, on remplace le coke (le charbon) par de l’hydrogène. On chauffe le tout et on obtient le même acier (fer et carbone), mais sans avoir utilisé la moindre énergie fossile. Il y a toujours des hauts fourneaux, mais leurs cheminées ne vont rejeter que de la vapeur d’eau.
Jusqu’ici, c’était un procédé expérimental, testé par plusieurs startups comme H2GS ou Boston Métal. Mais les Suédois du consortium Hybrit sont les premiers à livrer des plaques d’acier vert à un client, en l’occurrence Volvo, le constructeur automobile.
Cela signifie que ça marche. Et donc, qu’il est possible de décarboner un des pires procédés industriels.
Ça doit couter beaucoup plus cher que l’acier classique. Il n’y a pas un risque que ça reste marginal ?
Mercedes, BMW et Volvo ont chacun investi ou tissé des partenariats avec ces startup. Et tous ont déjà prévu de basculer leur production à moyen terme.
Il ne faut pas oublier que l’Europe a fixé des objectifs très ambitieux en matière de décarbonisation. Et que la taxe carbone risque d’augmenter. Maintenant que l’acier vert existe, il y a de grandes chances que ce soit l’acier traditionnel qui revienne plus cher.
