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Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine français.

On part en balade ce week-end dans le Massif du Jura. Direction la Franche Comté avec vous Marion, on commence par se poser à table et on passe directement au fromage. 

Et quel fromage ! Un fromage crémeux à la croûte plissée, reconnaissable à sa boîte en bois : c’est le Mont d’or. C’est la saison ! Depuis jeudi, on peut de nouveau le déguster : on y va carrément à la petite cuillère, une fois chaud pour le tartiner dégoulinant.

Depuis jeudi donc, puisqu'il fait partie des derniers fromages français saisonniers. Rachel Février, productrice de lait à Mont d’or, nous explique pourquoi il y a une saison pour manger ce fromage. “A l’origine c’est un fromage que produisaient les paysans l’hiver. L’été les vaches pâturaient de l’herbe, on faisait du lait, et avec ce lait, on faisait du comté. L'’hiver, nos vaches mangent de l’herbe séchées, la production un peu moindre et le climat fait que nos fermes sont moins faciles d’accès. Et du coup, pour écouler leur lait, les paysans faisaient un petit fromage qu’ils mettaient dans une boîte de bois, pour leur consommation personnelle au départ, et qui est devenu le Mont d’Or”. 

Ça a duré comme ça jusqu’au milieu du 20e siècle, avant la commercialisation de ce fromage. Mais rassurez-vous, vous trouverez des Mont d’Or jusqu’au mois de mai. 

Il y a un meilleur moment pour déguster ce fromage ? 

Les Haut-Doubsiens vous répondraient toute la saison. Je vous conseille de goûter les premiers Mont d’Or, ceux que vous trouvez maintenant, en septembre. Ils sont fabriqués avec le lait des vaches qui ont brouté l’herbe des prairies. Ce sont donc les plus parfumés. Et vous savez d’ailleurs pourquoi on l’appelle Mont d’or ce fromage ? Parce qu’il est fabriqué dans les caves du Haut-Doubs, uniquement dans les communes qui se situent autour d’une montagne : le Mont d’or.  

Enfin, on le reconnaît bien sûr à sa sangle en épicéa, l’arbre qu’on retrouve de partout dans la région. D’ailleurs, il est affiné en cave 21 jours minimum, sur des planches en épicéa, et il est enfermé de sa jolie boîte en épicéa. Cet épicéa lui donne un bon petit goût de terroir.  

On passe à la dégustation ? 

Dans le massif du Jura, on le mange froid ou chaud. 

  • Froid :

-> au petit-déjeuner, en tartine.

-> sur un plateau de fromage. On peut avoir des Mont D'Or plus affiné d’ailleurs, avec plus de caractère.  

  • Chaud, avec la classique boîte chaude. 

-> au four avec un peu de vin blanc, une gousse d’ail, enrobé de papier aluminum pendant une heure. 

-> avec des pommes de terre nappées de fromage et de la charcuterie. 

Des bonnes adresses ? 

Si vous êtes de passage dans le Jura, allez dans une fruitière. C’est comme ça qu’on appelle les coopératives. Le matin, vous pourrez assister à la fabrication du Mont d’Or, et surtout en ramener à la maison pour le déguster ! 

Sinon voici deux adresses d’auberges pour déguster la boîte chaude : 

  • La grangette aux Longevilles Mont d’or 
  • La boissaude à Rochejean 

Et arrêtez-vous au Bon accueil à Malbuisson. Le chef Marc Faivre réalise des pommes de terre coulantes de Mont d’oOr au vin jaune. C’est une très belle adresse, avec un menu déjeuner à partir de 28 euros.  

Recette : La boîte chaude 

Ingrédients 

  • 1 Mont d’or
  • Un petit verre de Vin Blanc du Jura 
  • 1 gousse d’Ail

Préparation

1. Préchauffez le four à 180 degrés.

2. Piquez le fromage de morceaux d’ail. 

3. Creusez un trou au milieu du fromage et versez le vin blanc. Un tour de moulin à poivre. 

4. Recouvrez de papier aluminium. 

5. Enfournez 45 minutes. 

6. Servez bien chaud, avec de la charcuterie ou de la saucisse de Morteau et des pommes de terre. 

Et après avoir dégusté ce fameux Mont d’Or, on va rester sur le Mont d’or, Vanessa, pour le weekend. 

Et on aurait tort de s’en priver, on dit que c’est "le plus beau balcon du Doubs". On est à 1.400 mètres d’altitude, avec vue sur le Mont blanc, l’Aiguille du Midi, les grandes Jorasses et même le Jungfrau, le sommet suisse. Donc si vous êtes randonneurs dans l’ame, c’est LA destination idéale pour vous. Pensez d’ailleurs à prendre vos jumelles, on peut observer la plus grande colonie de chamois du Doubs sur le Mont d’or.

Et des randonnées dans le Haut-Doubs, vous en avez d’autres à nous recommander ? 

La route de l’absinthe, vous savez cet alcool qui faisait tourner la tête des peintres et des poètes du 19e siècle, jusqu’à ce qu’elle soit interdite en 1915 pour réapparaitre dans les années 2000, un peu moins alcoolisée. Elle part de Pontarlier, l’ancienne capitale de l’absinthe, jusqu’au Val-de-Travers en Suisse. Vous passez par des champs de culture, des séchoirs, des musées, des distilleries. Et cette route regorge de petites histoires. Chacun a la sienne. Mais ils sont d’accord en revanche pour l’appeler la Fée verte. J’ai demandé à Dominique Rousselet de la distillerie des Fils d’Emile Pernot, de nous expliquer pourquoi. 

"Quand les gens avaient un peu abusé du produit, ils voyaient souvent dans leur verre, quand ils laissaient s'écouler l'eau, l'absinthe se troubler et prendre une couleur verte. Forcement, l'eau en coulant gentillement dans l'alcool, on a l'impression de voir une personne en train de bouger dans le verre."

Il y a des étangs et des lacs j’imagine dans le coin ? 

Le lac de Saint-Point, c’est le 3e plus grand lac naturel de France. Et en automne, il prend des allures de petit Canada, surtout quand on débarque sur Port Titi, le petit port bien typique avec ses maisons de pêcheurs de toutes les couleurs. Alors, il y a une base nautique et là vous pouvez pêcher, faire de la voile ou du canoë, du pédalo. En tout cas c’est silencieux, les moteurs sont interdits.

Et si vous avez envie de rester dans cette éloge de la lenteur, monter dans le Coni’fer. C’est un petit train à vapeur qui serpente le Haut-Doubs : 8 km en 1h30 . Déconnexion totale. 

Et pour poser ses valises ? 

L’atelier de Donat, à Malbuisson. Les sept chambres ont vue sur le lac de Saint-Point. Toute la deco est en bois, c’est clin d’œil à l’ancien propriétaire de la maison. Il était ébéniste et fabriquait des barques.

Et puis le Bon accueil : une ancienne ferme transformée en hôtel de charme, avec un jardin et un potager. Le propriétaire, Marc Faivre, est aux fourneaux et sa femme Catherine en salle. Ils ont une étoile.