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Marc Messier fait ce matin le portrait du nouveau champion du monde de boxe dans la catégorie des lourds. Il a ravi son titre le week-end dernier à Wladimir Klitschko, invaincu depuis 10 ans. Tyson Fury, 27 ans, veut aller loin, jusqu'à dépasse son modèle : Mohamed Ali.

Un avorton, une minuscule créature d'à peine 500 grammes. Le nouveau seigneur des poids lourds tenait dans la paume de la main de son père lorsqu'il est né à 5 mois et demi l'été 1988.Un microbe à qui les médecins ne donnaient pas cher de sa peau il y a 27 ans. Un très grand "préma", passé de la couveuse à la roulotte familiale en quelques semaines. C'est fort ou ça meurt chez les Travelers, une petite communauté de gitans irlandais, des manouches celtes réputés fripouilles et bagarreurs. Le bébé n'est pas encore viable qu'entre deux verres de mauvais whisky, son père lui colle comme prénom le nom de son idole : Tyson. Comme Mike, le roi de la boxe des années 80. Ce sera Tyson Fury pour son état civil de Manchester. Fury, son nom de famille, fury, comme la fureur en anglais. La fureur dans le sang, la fureur du dragon, la fureur de vivre qui coule dans les veines du petit Tyson.

 Le grand préma va s'accrocher à son berceau. Non seulement Tom Pouce va vivre, mais il va devenir un colosse. 206 cm pour 120 kilos. Ceux qui dans les caravanes raillaient l'enfant demi portion en ont entre-temps fait les frais dentaires. Il faut dire que Tyson Fury a de qui tenir. Son père est sorti de prison en début d'année, cinq ans après crevé l'oeil d'un type qui l'avait contrarié dans la rue. Plus reluisant, son oncle a brièvement coaché Mike Tyson himself, sans parler de son cousin éloigné, Bartley Goreman, surnommé "le roi des gitans", un boxeur à mains nues, une véritable légendes dans tous les tripots clandestins d'Angleterre. La cogne, une histoire de famille. Le gène de la baston, jamais personne ne lui a tenu tête plus de quelques round. Depuis qu'il est pro, le gitan irlandais a tout gagné, 25 combats, 25 victoires dont 18 KO. Un palmarès de première bourre à 27 ans. Une belle gueule rasée à la Jason Statham, et une forfanterie qui le ferait passer pour le dernier des bouffons s'il n'était pas aussi redoutable entre quatre cordes.

Faire le malin comme quand il était petit, faire le show comme lors du championnat du monde le week-end dernier à Düsseldorf, lorsque Tyson a débarqué à la conférence de presse d'avant match déguisé en Batman. Un Tyson asticotant, turlupinant son adversaire avant le combat, turlupinant son adversaire avant le combat, le trait de "vieux à point pour l'hospice", en face, un Klitschko complètement médusé, l'ukrainien tout puissant, champion du monde depuis 10 ans, se demandant sérieusement si son challenger n'était pas complètement dingue. Tyson rigole, lui en met une dernière avant de monter sur le ring, "ta boxe est chiante, tu as autant de charisme que mon slip", du Tyson Fury dans le texte. La bravade pour se donner du courage, comme l'un de ses héros, Eric Cantona, le demi-dieu français de Manchester United qui l'a fait rêver lorsqu'il était gamin. Tyson nouveau et très singulier champion du monde des poids lourds, pour célébrer son sacre, le gypsy king a fait envoyer Aerosmith dans les enceintes du stade. Un hommage à sa femme, "I don't want to miss a thing", je ne veux rien manquer. Une trace de sirop entre le sang et la sueur du ring, un tube "cul-cul" pour la mère de ses deux enfants, la même dont Tyson Fury dit qu'elle est faite pour être à la cuisine. Et sur le dos, toute la poésie du boxeur gitan irlandais, l'histoire de l'avorton devenu un hercule.