Rodrigo Duterte, un homme dont la brutalité n’a d’égale que la trivialité

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Rodrigo Duterte, le nouveau président philippin, a été élu avec plus de 6 millions de voix d’avance sur son principal opposant. Cet avocat populiste a tout d’un dictateur.

Il a un nez de boxeur,  des yeux de mangouste, le mètre 65 standard des Philippins, et un goût prononcé pour les blagues douteuses et les chemisettes bariolées. A 71 ans, il raconte qu’il prend du viagra 3 fois par jour et qu’il a tué « à peu près » 3 hommes depuis le début de l’année.

Rodrigo Duterte est le nouveau Président, élu, des Philippines. Et l’un des plus remarquables spécimens des leaders-dingos, apparus dans le monde ces dernières années. Des personnages aussi charismatiques que délirants, qui attirent de plus en plus les peuples désemparés. Dans le genre, les Philippins viennent de choisir la version la plus hard du casting.

Un homme dont la brutalité n’a d’égale que la trivialité. Un ancien procureur, devenu avocat, entré en politique à la chute du Tyran Marcos.

1986. Le monde entier compte les chaussures d’Imelda. Rodrigo Duterte devient le maire de Davao. L’une des plus grandes villes de l’Archipel. 1 million et demi d’habitants, des  marécages à perte de vue et une réputation calamiteuse. Une cité pourrie par le crime, la drogue et la misère.

Duterte va se lancer dans ce qu’il appellera le grand nettoyage. Autrement dit, l’extermination pure et simple des crapules. Pas d’états d’âme. Pas de procès. Pas d’explication.  Juste de bons renseignements et des balles bien logées. On parlera d’escadrons de la mort et de près de 1.500 victimes. Non seulement Duterte ne démentira jamais, mais il expliquera fièrement avoir personnellement réglé un certain nombre de cas. Aucun juge, aucun policier ne trouvera  jamais rien à redire à ça.

Le Dirty Harry philippin comme le surnommera la presse américaine. Ou encore the Punisher, le punisseur. Le seul politique incarnant le changement pour des Philippins écœurés par une démocratie vérolée par la corruption et les trafics.

« Avec moi, ça va saigner. Oubliez les droits de l’homme. » A déjà prévenu  Rodrigo Duterte. Soulignant que les poissons de la baie de Manille allaient grossir au fil des cadavres de criminels qu’il allait jeter à l’eau. Une promesse faite à des Philippins, qui semblent pour l'instant tout lui pardonner. Que ce soit l’insulte faite au pape François qu’il a traité de « fils de pute », après les embouteillages causés à Manille par la venue du Saint-Père. Ou encore, son divorce, son remariage et ses trois maîtresses officielles qu’il affirme combler quotidiennement. Etonnant, dans l’un des plus grands pays catholiques du monde, le dernier de la planète où le divorce est encore interdit.