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L'ascension fulgurante de Michael O’Leary, businessman retors qui hissa implacablement Ryanair aux sommets de l'aviation "low cost"... à n'importe quel prix !

Portrait de Michael O’Leary

Des hôtesses traitées comme des causettes des Boeings. Des pilotes exténués par les cadences du manche en trois "huit". Des passagers entassés comme des veaux dans des 737 à bestiaux. Les Misérables du low-cost, le succès de Ryanair. Michael O-Leary est un Thénardier du ciel pour ses détracteurs, un affreux bonhomme, rapiat, brutal et vulgaire, devenu milliardaire à force de tirer sur la moindre goutte de kérosène et le plus petit millimètre carré d’espace dans ses avions.

 

Un véritable génie du business selon ses admirateurs. Le premier à avoir Ubérisé l’aérien, en offrant à ses clients le décollage/atterrissage pour trois fois rien, hors taxes. Qu’importe si ses PNC (personnel navigant commercial) sont devenus des prolos et si ses passagers sont trimbalés comme des marchandises. O’Leary s’en fiche. Ryanair est la Compagnie la plus rentable du monde, avec une croissance de 43% cette année et un bénéfice net de plus d’un milliard d’euros. 

 

Depuis qu’il a pris les commandes de l’avion, il y a 23 ans, rien ni personne n’arrête ce pirate de l’air qui se moque autant des amendes que des procès et qui avoue lui-même se torcher avec les législations sociales et les tracts syndicaux. Rien à faire. Il n’y a que les chiffres qui comptent pour cet ancien contrôleur de gestion, qui note ses pilotes en fonction de leur consommation de carburant et qui envoie parfois ses équipages au camping, plutôt qu’à l’hôtel entre deux rotations. Un boss qui interdit à ses salariés de recharger leurs téléphones au bureau, parce que ça coûte trop cher en électricité. Sans oublier ses projets, à une époque, de taxer les obèses, de faire payer les toilettes en vol ou de faire voyager des clients debout dans ses Boeing. 

 

Un gros radin ce Michael O’Leary, dit MOL ou Micky Mike, 55 ans, grisonnant avec un faux air d’Albert Dupontel : Le même regard très noir, un peu flippant, une ressemblance troublante. Une gueule comme un masque à grimaces multiples. Un drôle de loustic qui n’a que le mot "fuck" à la bouche. "Putain" à tout bout de champ. Un gros mot qu’il prononce entre 250 et 300 fois par jour, d’après ses collaborateurs. "Fuck" ou "fucking" selon la phrase, la réflexion ou l'émotion du moment… 

 

Un Irlandais hyper émotif qui lève autant le coude pour la Guiness que le majeur en l’honneur de ceux qui lui déplaisent. Un doigt expressif que Micky Mike tourne en V de la Victoire à chaque fois que cet ancien élève des Jésuites remporte une manche face à ses concurrents. Tous des ennemis qui lui en veulent à mort. Sa réussite insolente, sa chance : jamais un crash, jamais un gros pépin. Mais surtout sa morgue, son insolence, ses provocations permanentes. Un trublion qui n’a pas hésité, il y a quelques années, à venir à Paris, déguisé en Napoléon pour protester contre les surtaxes-carburants imposées par Air-France. Une autre fois, O’Leary, costumé en Pape pour promouvoir un vol Dublin-Rome. 

 

Un iconoclaste, un voyou. Ses concurrents le traite de tous les noms. Micky Mike s’en contrefout. Il sourit et réponds qu’il n'aime pas les avions et qu’il n’a jamais voulu être pilote comme tous ces bataillons d'abrutis qui peuplent cette industrie. Ajoutez deux ou trois dans la version irlandaise et vous aurez la citation complète.

 

On passera sur ses fantasmes d’offrir des fellations gratuites à ses passagers de première classe, de liquider tous les écolos de la planète et de torturer ses clients de plus de 150 kilos.  Une fois sorti de son cockpit, Michael O’Leary n’est plus le même homme. Un mari charmant et délicat, un père ultra-attentionné pour ses quatre enfants qu’il emmène régulièrement caresser ses chevaux de course et ses vaches noires Angus dans ses prairies irlandaises. Une vie à 200 l’heure à bord d’une Mercedes noire surmontée d’une enseigne lumineuse de taxi. Une licence que Micky Mike s’est offerte pour que son chauffeur puisse emprunter sans problème, les couloirs de bus à Dublin. Il y a une place de dispo à bord de sa berline. Pour un assistant... Un job pas facile-facile, mais, sans aucun doute, passionnant.