Michael Oher, de gamin des rues à star du super bowl

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L'histoire de la semaine c'est celle de l'américain Michael Oher. Il a 29 ans, il mesure 1,93 cm, c'est la vedette de l'équipe des Panthers de la Caroline qui disputera ce soir le 50e super bowl.

Michael Oher est une exception dans les statistiques américaines. A 29 ans, il n'est ni dans un gang, ni en prison, ni au cimetière, les seules perspectives pour un noir qui a grandi dans la rue aux Etats-Unis selon les classifications sociologiques du FBI. Des jeux de probabilité qu'a explosé ce mastodonte d'un 1,93 cm et de 147 kilos. Big Mike, qui sera ce soir l'une des super stars du plus grand événement sportif américain. Une prodigieuse trajectoire pour un pauvre gosse né en 1986 au milieu des cancrelats dans un bouge d'une banlieue pourrie de Memphis, Tennessee. Il s'appelle Michael Jérôme Williams, le nom que son père lui a donné entre deux saouleries et deux incarcérations. Une mère pondeuse et camée, douze mômes, et autant de shoots quotidiens. Le quart monde dans l'Amérique de Reagan, du Zola made in USA.

Michael est encore petit qu'il est déjà trop gros. Timide, il ne parle pratiquement pas. Tout le monde le prend pour un demeuré. Il perd son père d'une balle dans la tête. A peine une larme : il ne l'avait vu qu'une fois dans sa vie. Michael prend alors le nom de sa mère, Oher, comme pour essayer de conjurer le mauvais sort et de se rapprocher d'une maman qui n'en a jamais été une. Une femme épave qu'il ne voit plus depuis longtemps. Depuis que les services sociaux du Tennessee l'ont placé dans des foyers puis dans des familles d'accueil. Des foster families qui mettent régulièrement l'enfant à la porte parce qu'il n'arrive pas à s'intégrer. Quand on ne le fiche pas dehors, c'est lui qui fiche le camp. Même décalage, même rupture à l'école : Michael Oher passera dans une dizaine d'établissements en moins de dix ans. Inadapté et analphabète : à 14 ans il ne sait ni lire ni écrire. Un gigantesque bêta dont personne n'ose se moquer vu son gabarit hors du commun. Près de 2 mètres de hauteurs et 150 kilos. Une infirmité pour un ado qui va devenir un atout pour Michael Oher. Il va avoir une première chance après que l'un de ses parents l'inscrit dans une école privée chrétienne de Memphis. L'entraîneur de foot américain l'observe et lui met un casque grillagé sur la tête. Le tête. Le jeune colosse afro américain met sa carcasse en mouvement et résiste àrtout sur le terrain du collège.

Il a 16 ans et dort dans la rue. Une dame très chic passe par là. Elle est émue. Ses enfants sont scolarisés dans la même école que Michael. Elle s'appelle Leigh Anne Tuohy. Son mari vend des franchises de fast-food, ils ont beaucoup d'argent et ils vont ouvrir leurs bras au jeune  garçon et lui offrir une place dans leur famille. La vraie charité des bienveillants. La famille Tuohy qui a adopté légalement Michael Oher en 2004. Depuis, le jeune homme a appris à lire et à écrire, est entré dans l'université du Mississippi. C'est là qu'il a décroché son surnom de Big Mike. Un géant sur le terrain de la fac. Une armoire à glace qui joue "offensive tacle", une espèce de garde du corps du quarter back qui est le meneur de jeu dans le foot américain. Sa carrière est lancée, amateur d'abord puis professionnel depuis 2009, les Ravens de Baltimore, les Titans du Tennessee et depuis l'année dernière les Panthers de la Caroline. La célébrité, les millions de dollars et ce soir, le super bowl, une finale suivie par plus de 120 millions de fanatiques, l'occasion pour Big Mike de rappeler à l'Amérique que le destin d'un noir venu de la rue peut quelque fois échapper aux statistiques.